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Quelle crise bancaire ? Les bénéfices des banques américaines n’ont jamais été aussi grands

Quelle crise bancaire ? Les bénéfices des banques américaines n’ont jamais été aussi grands
Jamie Dimon (JP Morgan), Jane Fraser (Citigroup), Brian Moynihan (BoA) & Charlie Scharf (Wells Fargo) – Getty Images

Les taux d’intérêt importants sont aussi une manière pour les banques de faire de meilleures marges.

Pourquoi est-ce important ?

Paradoxalement, la crise bancaire américaine a enrichi le secteur. La politique des taux d'intérêt de la Fed affaiblit les plus petits acteurs au bénéfice des plus grands.

Dans l’actu : les bénéfices au plus haut.

  • Les bénéfices du secteur bancaire américain ont atteint un niveau record d’environ 80 milliards de dollars au premier trimestre, soit une hausse de 33 % par rapport à l’année précédente, écrit le Financial Times.
  • Sur les quelque 4 400 banques que compte le pays, 197 seulement – soit moins de 5 % – ont enregistré des pertes au premier trimestre, selon BankRegData.
  • Dans le classement des meilleurs profits, c’est JPMorgan Chase qui mène la danse, avec un bénéfice net de 11,7 milliards de dollars.
  • À l’inverse, on retrouve la banque en difficulté PacWest à l’autre bout du classement, en dernière position, avec une perte de 1,2 milliard de dollars.

L’essentiel : comment les banques ont-elles fait ?

  • Comment les banques américaines se sont-elles débrouillées, alors qu’elles traversent, et c’est toujours vrai, les plus grandes turbulences depuis la crise financière de 2008, avec au moins 3 faillites majeures ?
  • Au premier abord, des taux d’intérêt élevés ne sont pas une mauvaise chose pour elles. Les institutions financières doivent l’augmentation de leurs bénéfices principalement aux revenus qu’elles tirent du modèle de revenu traditionnel : la conversion des dépôts à court terme en prêts à long terme. Ces revenus d’intérêts ont augmenté en raison du resserrement de la politique monétaire de la Réserve fédérale.
  • Le problème, c’est que ces hausses des taux d’intérêt diminuent le nombre de crédits, et poussent les banques dans une course aux meilleurs rendements pour leurs clients.
  • Cette pression a fatalement touché de manière plus importante les petites et moyennes institutions bancaires. La pression a déclenché la peur qui a provoqué un bank run. Plusieurs dominos sont ainsi tombés.
  • Mais ce tombeau s’est transformé en une opportunité pour les plus grandes banques. Les bénéfices records du secteur proviennent aussi de gains exceptionnels enregistrés par First Citizens et Flagstar, qui ont racheté les restes de Silicon Valley Bank et de Signature Bank.
  • Pour sa part, JPMorgan Chase a racheté First Republic, un joli coup de maître de son CEO, Jamie Dimon.

Et maintenant : Les bénéfices vont-ils se maintenir ?

  • Ce sera difficile. Tout simplement parce que les banques américaines ont commencé à offrir de meilleurs rendements à leurs clients à partir du mois de mars. Leurs marges devraient donc se réduire.
  • Les charges d’intérêt globales de toutes les banques ont par exemple été multipliées par 10 par rapport à l’année précédente, pour atteindre 85 milliards de dollars au premier trimestre, selon BankRegData.
  • « Les résultats sont plutôt bons pour le premier trimestre, mais ils ne le seront pas pour le reste de l’année », a déclaré Christopher Whalen, analyste bancaire et directeur de Whalen Global Advisors. « Le coût des fonds nécessaires pour les banques va augmenter considérablement. Cela va choquer les gens. »
  • En outre, les impayés s’accumulent dans le secteur de l’immobilier commercial, un secteur qui n’est pas en grande forme et pourrait être la prochaine bulle à éclater, selon certains initiés. Les impayés ont augmenté d’un tiers au premier trimestre pour atteindre 12 milliards de dollars, soit le montant le plus élevé depuis 2020. Une bombe à retardement.
  • Enfin, de nombreux déposants, pris de panique ou déçus par les taux d’intérêt, ont préféré placer leur argent autre part, dans des investissements à meilleur rendement. Pour ce dernier point, c’est aussi vrai en Europe : les épargnants européens sont énormément déçus par les taux d’intérêt des banques et déplacent leurs avoirs.
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