Deux navires militaires iraniens ont contourné l’Afrique pour voguer dans l’Atlantique et se diriger vers l’Europe. Ils seraient armés jusqu’aux dents, et on les attend au large de la Belgique dans les prochains jours.
Il suffit de se pencher sur un planisphère pour comprendre que l’Iran est avant tout une puissance terrestre, même si son influence reste aussi palpable dans le golfe Persique, où la République islamique n’a pas hésité à arraisonner des cargos étrangers. Avec 2.400 pétroliers qui traversent chaque année le détroit d’Ormuz, la zone est sensible. Mais cela n’explique pas pourquoi deux navires iraniens voguent depuis des mois bien loin de leurs eaux nationales. Au dernières nouvelles ils se rapprochent de la côte belge.
Ces deux vaisseaux, la frégate IRIS Sahand et l’IRINS Makran, un ancien cargo reconverti, ont été repérés en juin dernier le long de la côte orientale de l’Afrique. Jusqu’à franchir le cap de Bonne-Espérance et entrer dans l’océan Atlantique. Une première pour la marine iranienne.
Les cales pleines
Interrogé sur les raisons de cette lointaine expédition, l’état-major de la République islamique a rétorqué que ses navires étaient à l’exercice. Ils s’entraineraient à « naviguer dans les mers défavorables et les conditions météorologiques difficiles de l’Atlantique. »
Sauf que le Makran, lancé en 2020, est tout de même la plus grosse unité flottante du pays, qui l’utilise comme base mobile et pont d’envol pour hélicoptères. Et que, selon des observations américaines par satellite, il transporte sept vedettes Peykaap II. Des bateaux côtiers très rapides équipés chacun de deux lance-torpilles et d’un missile anti-navire. Et la ligne de flottaison suggère un navire aux cales aussi remplies que possible.
Vers l’Europe du nord
Selon le droit de la mer, ces navires peuvent naviguer où ils veulent dans l’océan Atlantique, mais le mystère demeure sur les intentions des Iraniens. Les Américains ont pensé un moment qu’ils comptaient livrer ces armes au Venezuela. Mais les deux navires ont continué leur chemin le long des côtes africaines, vers le nord, jusqu’à s’arrêter au moins une semaine au large du Sénégal. Ils ont récemment repris la route et, aux dernières nouvelles, les Iraniens entraient dans la Manche, avec un navire de guerre français qui les suivait à bonne distance.
La flottille iranienne passera fort logiquement au large des côtes belges ce mercredi, voire jeudi, jour de fête nationale pour le Royaume. Un invité-surprise qui sera probablement aisément visible depuis la côte, tant le Makran est massif, et l’entrée de la Mer du nord étroite.
Sous l’égide de la Russie ?
Mais que viennent donc faire ces militaires iraniens si loin de leur port d’attache, et après un aussi long trajet ? La principale théorie est qu’ils se rendent à Saint-Pétersbourg. Le grand port russe sur la Baltique doit accueillir une grande parade navale le 25 juillet prochain, à laquelle participeront 200 vaisseaux, selon le Kremlin. Parmi eux, au moins une frégate venue du Pakistan.
Il y a donc fort à parier que cette croisière représente, pour les Iraniens, une preuve de leur capacité à intervenir dans des eaux lointaines. Et pour les Russes, une manière de rappeler que leur pays garde un intérêt vers les « mers chaudes » de Méditerranée puis de l’océan Indien via les détroits, et que la flotte russe a des alliés dans la région.
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