Qu’avons-nous appris du football à huis clos ?

Quelle est l’importance des supporters dans un match de foot ? Telle était la question posée par le professeur espagnol d’économie expérimentale Carlos Cueva (université d’Alicante).

Pour trouver la réponse, il a analysé 230.000 matchs de football dans 30 pays, dont un peu moins de 5.000 de la Jupiler Pro League belge. 2.750 d’entre eux ont été joués à huis clos ou avec un public très limité en raison de la pandémie. Cuevas a donc voulu mesurer l’impact d’un stade vide sur le déroulement du match et sur le comportement des joueurs et de l’arbitre.

Il est arrivé à deux conclusions:

1. Le résultat est plus difficile à prévoir

Les données des 7 dernières saisons de foot ont montré qu’une équipe qui jouait à domicile avait 16% de chances en plus de gagner. L’équipe locale gagne 45% de tous les matchs. Les visiteurs ne gagnent quant à eux que dans 29% des cas. Le reste, ce sont des matchs nuls. Mais avec les matchs sans public, cet écart s’est réduit de moitié. Ainsi l’équipe à domicile n’a maintenant plus 8% de chances en plus de gagner. En d’autres termes, l’avantage du domicile a été divisé par deux.

2. Le match est plus agressif

Lorsqu’il n’y a pas ou peu de public, l’équipe à domicile commet 10% d’infractions en plus que d’habitude. Pour les visiteurs, il n’y a par contre pas de changement. Mais le comportement de l’arbitre change aussi. À huis clos, l’équipe locale reçoit 10% de cartons jaunes en plus et 20% supplémentaires de rouge. Et à nouveau, pour l’équipe opposée, le nombre de sanctions ne bouge pas. L’avantage à domicile devient alors un désavantage en termes d’erreurs commises et sanctionnées.

La foule influence l’arbitre

Cueva conclut que la foule locale joue un rôle décisif dans le succès d’une équipe. Et ce n’est pas grâce aux encouragements et applaudissements des supporters. Mais leur présence exerce une pression sur l’arbitre.

Une autre étude confirme cette hypothèse. Luis Garicano et Ignacio Palacios-Huerta de la London School of Economics sont déjà parvenus à une conclusion similaire en 2005. Ils avaient étudié une série de matchs rassemblant en moyenne 28.000 personnes, principalement des supporters locaux.

Cette étude a montré que lorsque l’équipe locale était menée d’un point à la 90e minute, le temps additionnel était en moyenne de 4 minutes. Mais si c’était l’équipe adverse qui perdait, alors elle n’avait le droit qu’à 2,1 minutes supplémentaires.

Que pouvons-nous apprendre de ces études ?

Plus la pression sociale est forte, plus il est facile pour les décideurs de se laisser séduire par le favoritisme.

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