Avec l’explosion des prix du carburant et les problèmes continus au sein de la chaine d’approvisionnement, les détaillants rencontrent, eux aussi, des difficultés. Une situation qui les pousse à envisager l’impensable : rembourser les achats de leurs clients, tout en les autorisant à conserver les produits concernés.
Alors que l’inflation frappe toujours plus durement les consommateurs, les chaines de magasins et les plus petits détaillants se retrouvent à devoir gérer de grandes quantités d’invendus. Avec les prix qui montent en flèche, notamment ceux du carburant, les individus y pensent à deux fois avant d’acheter. Cela représente évidemment un problème pour les commerçants qui se retrouvent avec de nombreux invendus ; vêtements, jouets, meubles ou encore appareils technologiques. Or, stocker ces derniers leur coûte de l’argent, beaucoup d’argent pour certains. Et à ces invendus s’ajoute une autre catégorie de marchandises tout aussi ennuyeuse à gérer : les retours.
Payer pour ne plus stocker
Empiler les articles retournés, alors que l’inventaire ne cesse déjà de croitre, rajoute de la pression sur les magasins. De quoi pousser certaines enseignes américaines à envisager une politique pour le moins étonnante – et particulièrement favorable aux clients – : rembourser les achats des clients tout en leur permettant de garder le produit. Autrement dit, ils sont payés pour garder une marchandise.
« Ce serait une initiative stratégique intelligente », selon Burt Flickinger, expert en commerce de détail et directeur général du groupe de conseils commerciaux Strategic Resource Group, rapporte CNN. « Les détaillants sont coincés avec des stocks excédentaires à des niveaux sans précédent. Ils ne peuvent pas se permettre d’en reprendre en plus ».
Le fait est que les marchandises retournées sont traitées différemment des invendus. Lorsqu’un client rapporte un produit, le magasin l’évalue pour savoir s’il peut ou non être remis en rayon au même prix ou à un prix réduit. Il peut également envisager de le remettre à neuf ou le confier à un liquidateur pour le revendre à l’étranger, notamment en Europe, au Canada ou au Mexique.
« Compte tenu de la situation dans les ports et des pénuries de conteneurs, envoyer des produits à l’étranger n’est pas vraiment une option », signale Flickinger. Les magasins peuvent aussi déléguer la gestion des invendus à des entreprises spécialisées. Sauf qu’en réalité, chaque solution qui se présente à eux entraine des coûts supplémentaires.
« Pour chaque dollar de vente, le bénéfice net d’un détaillant se situe entre un cent et cinq cents. Avec les retours, pour chaque dollar de marchandise retournée, il en coûte au détaillant entre 15 et 30 cents pour le gérer », a expliqué l’expert.
La solution pour éviter ces frais supplémentaires, voire ces pertes est toute simple : le remboursement sans retour.
Une solution sérieusement à l’étude
Plusieurs grandes enseignes envisagent sérieusement cette stratégie, selon Steve Rop, directeur de l’exploitation chez goTRG, une entreprise qui traite quelque 100 millions de retours par an d’entreprises telles que Walmart, Amazon et Lowe’s. Celui-ci ne précise cependant pas si cette politique de remboursement sans retour est déjà appliquée chez ses clients, et ce, pour des raisons évidentes.
On peut en effet facilement imaginer qu’une telle politique pourrait entrainer des abus. Les clients pourraient demander à retourner un produit sans en avoir réellement l’intention, afin d’en profiter gratuitement puisqu’ils auront été remboursés et seront invités à le conserver.
Mais si cette politique devait effectivement être mise en place, le détaillant pourrait l’appliquer au cas par cas, après avoir déterminé ce qui serait le plus facile pour lui ; traiter le retour du produit ou le laisser au client.
Rien de nouveau sous le soleil
Autoriser un client à garder un produit qu’il s’est fait rembourser n’est en réalité pas quelque chose de nouveau. Plusieurs commerçants, notamment sur Amazon, ont déjà opté pour cette solution par le passé, après être arrivés à la conclusion que rapatrier et stocker le produit leur couterait finalement plus cher.
C’est notamment le cas pour les produits volumineux (meubles, appareils ménagers), mais aussi ceux qui pourraient poser des questions en termes d’hygiène (serviettes, literie, jouets pour enfants).
Mais cette politique pourrait se généraliser, du moins pour certains produits et pendant un certain temps.