Lancée depuis bientôt un an dans une diversification de son approvisionnement énergétique, l’Allemagne compte toujours sur le Qatar. Les lourds soupçons autour de corruption de l’État du Golfe au sein du Parlement européen ? C’est autre chose, assure Robert Habeck.
Pour l’Allemagne, le Qatargate ne changera rien : « Nous avons besoin de leur gaz »

Pourquoi est-ce important ?
Avec la guerre en Ukraine, l'Allemagne a été poussée à se défaire de sa dépendance énergétique à la Russie. Depuis, ses représentants multiplient les voyages aux quatre coins du monde afin de remodeler et d'assurer l'approvisionnement du pays. Y compris au Qatar.Dans l’actu : le Qatargate ne change pas les plans de l’Allemagne.
- Interrogé au sujet des possibles répercussions du Qatargate sur la politique énergétique allemande, Robert Habeck a expliqué qu’il n’y aurait aucun changement.
- L’Allemagne ne peut tout simplement pas se passer du GNL qatari, a-t-il fait valoir.
Le détail : la sécurité de l’approvisionnement avant tout.
- Le Qatargate et l’achat de gaz à l’émirat sont « deux choses différentes », a déclaré le ministre allemand de l’Économie et du Climat, dans des propos rapportés par Politico.
- « La corruption est une infraction pénale et le commerce avec d’autres pays doit toujours être mis en balance avec les conséquences morales. Dans le même temps, cependant, la sécurité de l’approvisionnement doit être assurée », a expliqué Robert Habeck.
- Des déclarations qui sont une réponse aux critiques formulées par l’eurodéputé allemand Dennis Radtke – de la CDU, dans l’opposition à Berlin.
- « Il faut se demander si l’on veut créer une nouvelle dépendance énergétique tout en faisant des affaires avec un pays qui essaie d’acheter de l’influence », avait-il notamment déclaré au journal allemand Merkur en début de semaine.
- « M. Scholz aime parler de respect, M. Habeck aime parler de valeurs. En fin de compte, maintenant, l’essentiel est de voir comment leurs discours politiques du dimanche s’intègrent dans la vie politique quotidienne », avait-il ajouté.
Un timing plutôt délicat
Rappel des faits : l’Allemagne et le Qatar ont signé un grand accord il y a moins d’un mois.
- Le « Gas Deal » évoqué par M. Radtke a trait à l’accord passé le 29 novembre dernier entre QatarEnergy et la compagnie américaine ConoccoPhilips.
- Avant cela, au printemps, M. Habeck s’était rendu en personne à Doha en compagnie de représentants des énergéticiens allemands RWE, VNG et Uniper afin de préparer le terrain.
- Les signataires ont convenu que, à partir de 2026, chaque année, pendant au moins quinze ans, jusqu’à 2 millions de tonnes de GNL qatari seront expédiées vers le terminal méthanier de Brunsbüttel, en cours de construction.
- Une quantité permettant de remplacer environ 5% des importations allemandes provenant de Russie.
- « Quinze ans, c’est très bien, et les conditions semblent être vraiment bonnes. Je ne serais pas contre des contrats de 20 ans ou plus, par ailleurs », avait commenté M. Habeck dans la foulée.
- « Les sociétés concernées doivent savoir que le terminal de réception en Allemagne devra, en temps voulu, disparaître si nous voulons respecter nos objectifs de protection du climat”, avait-il toutefois précisé.
- Comme les livraisons ne doivent débuter qu’en 2026, M. Radtke estime qu’il y a encore « assez de temps pour trouver des alternatives ». Visiblement, M. Habeck n’est donc pas du même avis.
Le contexte : lourds soupçons de corruption au sein du Parlement européen.
- Le Qatargate est une affaire qui a éclaté vendredi dernier, avec des perquisitions menées à Bruxelles
- Pour l’instant, quatre personnes ont été inculpées pour « corruption, blanchiment d’argent et organisation criminelle » :
- L’eurodéputée et vice-présidente du Parlement européen Eva Kaili (S&D)
- Son compagnon et assistant parlementaire Francesco Giorgi. Actuellement en aveux, il « mouille » également les eurodéputés belge et italien Marc Tarabella et Andrea Cozzolino.
- L’ancien eurodéputé (S&D) et actuel président de l’ONG Fight & Impunity Pier Antonio Panzeri
- Le secrétaire général de l’ONG No Peace Without Justice (NPWJ) Niccolo Figga-Talamanca.
- Ces personnes sont soupçonnées d’avoir reçu de l’argent en vue de faire converger la politique de l’UE et les intérêts du Qatar.
- Ce jeudi, Le Soir, qui a révélé le scandale avec Knack, a indiqué que M. Giorgi avait fait savoir aux enquêteurs que le réseau a également été utilisé au profit du Maroc.
- Près d’un million et demi d’euros en cash ont déjà été saisis par la police fédérale dans le cadre de cette enquête.