Chaque jour qui passe voit l’arsenal à disposition des soldats ukrainiens se renforcer sous l’afflux des livraisons de matériels venus des États-Unis ou d’Europe de l’ouest ; des armes souvent plus modernes et plus efficaces que ce que les Russes peuvent lui opposer, en particulier au rayon de l’artillerie. C’est une réalité face à laquelle les Russes peuvent difficilement se voiler la face, mais il leur reste le front de la communication.
Ces dernières années, le Kremlin a régulièrement présenté ce qu’il faut bien qualifier « d’armes secrètes ». Des engins mystérieux supposés particulièrement efficaces ou destructeurs, qu’il s’agisse de missiles hypersoniques, de sous-marins ultra-furtifs, de torpilles à tsunami, ou encore d’un vieil « avion de l’Apocalypse » soviétique qu’on ressort pour un défilé militaire ; des engins qui ont un fort potentiel médiatique, mais qui restent trop peu nombreux ou trop expérimentaux pour peser dans une guerre conventionnelle.
Des armes laser dans le Donbas
Pourtant, sur le front du Donbas aussi le gouvernement russe met soudainement en avant des « armes miracles ». Ce mercredi, il a annoncé le déploiement d’une nouvelle génération d’armes utilisant la technologie laser dans le cadre de son « opération spéciale » en Ukraine. On sait peu de choses sur les spécificités de ces engins. Poutine en a mentionné un appelé Peresvet, du nom d’un moine guerrier orthodoxe médiéval, Alexandre Peresvet, qui a péri dans un duel à mort contre un chef mongol.
Iouri Borisov, le vice-premier ministre chargé du développement militaire, a déclaré lors d’une conférence à Moscou que le Peresvet était déjà largement déployé et qu’il pouvait aveugler des satellites d’observation jusqu’à 1.500 km d’altitude, sous-entendant par là que l’engin pourrait mettre en péril les engins du renseignement américain qui informent les Ukrainiens de l’évolution de la situation.
Mais Borisov n’en est pas resté là et a aussi évoqué d’autres armes lasers, plus puissantes : « Si Peresvet aveugle, alors la nouvelle génération d’armes laser conduit à la destruction physique de la cible – destruction thermique, elles brûlent », a-t-il déclaré à la télévision d’État russe. « Les premiers prototypes sont déjà utilisés là-bas [NDLR : en Ukraine] ». Il a précisé que l’arme s’appelait « Zadira » et qu’elle serait capable de détruire un drone à 5 km, rapporte Euractiv.
Démêler le vrai du très exagéré
Difficile de démêler le vrai du faux et du très exagéré dans les déclarations du vice-premier ministre russe. Il est certain que son pays travaille sur les armes à laser, comme d’ailleurs toutes les grandes puissances, et que celles-ci peuvent constituer un danger pour les drones, voire pour les avions et les satellites. D’ailleurs, le déploiement de ces armes antisatellites en théorie capables d’aveugler les engins en orbite a été confirmé par les renseignements américains.
De là à ce qu’elles contribuent réellement à changer le cours d’une guerre mal embarquée, c’est autre chose et, côté ukrainien, on n’a pas manqué de souligner que ce genre de rhétorique autour « d’armes secrètes » servait surtout à masquer l’échec des moyens conventionnels.
Des armes « miracles » qui en rappellent d’autres
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a comparé avec dérision ces histoires d’armes laser aux armes dites « miracles » que l’Allemagne nazie avait tenté de développer – avec plus ou moins de succès – pour tenter d’éviter la défaite lors de la Seconde Guerre mondiale.
« Plus il devenait évident qu’ils n’avaient aucune chance dans la guerre, plus la propagande était forte sur une arme étonnante qui serait si puissante qu’elle assurerait un tournant », a-t-il déclaré dans une allocution vidéo. « Et donc nous voyons qu’au troisième mois d’une guerre de grande ampleur, la Russie essaie de trouver son arme miracle… tout cela montre clairement l’échec complet de ses objectifs. »