Prochain problème pour la Russie : les roulements pour les wagons lourds s’épuisent

La Russie est confrontée à un nouveau problème : une pénurie massive de roulements pour les wagons de chemin de fer, le principal moyen de transport du pays, se profile. À la fin du mois d’août, 10.000 wagons extra-larges ont été mis hors service ; au total, ce chiffre pourrait atteindre 200.000. Que se passe-t-il ?

Pourquoi est-ce important ?

En raison de la taille du pays, la Russie dépend largement du transport ferroviaire pour ses déplacements. Bien sûr, cela présente des inconvénients, notamment s'il n'y a pas assez de pièces de rechange en stock pour réparer les wagons.

Un réseau condamné

Le secteur des transports en Russie est en plein marasme. Les avions restent cloués au sol, faute de pièces de rechange, et la même chose menace d’arriver au transport ferroviaire. Les wagons dits innovants, c’est-à-dire les wagons de train plus grands que la norme et pouvant transporter huit tonnes supplémentaires de matériel, semblent particulièrement condamnés.

  • À la fin du mois d’août, la National Transport Company (NTC) a déjà dû retirer 10.000 de ces wagons du service. Au total, 200.000 d’entre eux risquent de tomber en panne, estime l’entreprise. C’est ce que rapporte le magazine ferroviaire Railway Supply.
  • La raison de ces problèmes est une pénurie de roulements pour les trains. Les principaux fournisseurs de ces derniers sont le suédois SKF et les entreprises américaines Timken et Amsted Rail, trois sociétés qui ont quitté la Russie après l’invasion de l’Ukraine. Les pièces des rames ont toutes été importées et assemblées en Russie. Les lubrifiants et les produits d’étanchéité sont également tous importés, normalement.
  • D’ici la fin de l’année, il devrait manquer jusqu’à 100.000 roulements à billes. La Russie peut en produire 95.000 elle-même.

Mauvaise nouvelle pour l’armée

L’armée russe est également très dépendante des chemins de fer. La livraison de fournitures telles que les munitions et la nourriture, ainsi que l’approvisionnement en nouveaux chars et véhicules blindés, se fait par voie ferroviaire.

  • Il est de notoriété publique que la logistique de l’armée russe n’est pas la plus performante. On compte sur le transport par train, complété par des camions. Les boîtes de munitions doivent être chargées à la main, alors qu’à l’Ouest, on utilise presque exclusivement des conteneurs de taille uniforme.
  • On peut expédier plus de matériel par rail que par la route. Mais ce matériel ne peut pas vraiment être acheminé partout. Avec les dégâts subis par le pont de Crimée, l’approvisionnement en véhicules lourds du front à Kherson, par exemple, est au point mort. L’autre option consiste à organiser le transport via la ville capturée de Melitopol, mais les chemins de fer russes et ukrainiens n’y sont pas reliés. Il faut donc utiliser des camions pour transférer les équipements d’un train à l’autre.
  • Avec la perte des wagons extra-larges, une autre ombre plane sur la logistique russe : il faut désormais utiliser davantage de petits wagons pour transporter la même quantité de matériel, ce qui entraîne immédiatement une usure accrue de ces wagons. En outre, les trains plus longs sont plus rapidement repérables depuis les airs, par exemple par des drones ukrainiens. Un barrage d’artillerie bien placé fait ensuite le reste.

(CP)

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