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Poutine a offert Danone et Carlsberg à ses amis, qui héritera de l’empire de Prigojine ?

Poutine a offert Danone et Carlsberg à ses amis, qui héritera de l’empire de Prigojine ?
Le chef de la République tchétchène, Ramzan Kadyrov, s’entretient avec le président russe Vladimir Poutine sur une photo d’archive (Photo par ALEXEY NIKOLSKY/Sputnik/AFP via Getty Images)

Avec la mort d’Evgueni Prigojine, son empire commercial a également pris fin brutalement. La question est de savoir qui héritera de la tristement célèbre armée de mercenaires de Wagner, qui travaille à la fois pour l’État russe et pour les dictateurs africains. Ses activités médiatiques, dominées par son usine à trolls, doivent aussi trouver preneur.

Pourquoi est-ce important ?

La répartition des entreprises africaines de Prigojine et des contrats de l'État russe aidera à comprendre à qui profite la redistribution de la propriété en Russie et ce que cela signifie pour la structure du pouvoir dans le pays. La nationalisation des actifs russes de Danone et de Carlsberg donne une indication : l'un est allé au leader tchétchène Ramzan Kadyrov, l'autre à un vieil ami de Poutine à Saint-Pétersbourg.

Dans l’actu : Avec le décès de Prigojine, son armée privée cessera probablement bientôt d’exister. Ses entreprises russes ne peuvent quant à elles survivre sans leur propriétaire que pendant encore quelques mois au maximum.

  • Cependant, des questions demeurent quant à l’avenir de ses intérêts miniers africains et à la personne qui occupera le poste laissé vacant au Kremlin.
  • Prigojine a laissé un vide de pouvoir en Russie et en Afrique. Les mois à venir révéleront les réelles conséquences de son décès.

Un empire de petites entreprises

Zoom avant : jusqu’à sa mort, Pirgojine avait bâti un petit empire commercial, avec un chiffre d’affaires estimé à 1,8 milliard d’euros par an. Mais seules deux de ses nombreuses activités semblent être susceptibles de trouver preneur. Le gouvernement russe s’apprête déjà à reprendre les contrats militaires fortement réduits de Wagner. Ses activités de restauration continuent également de fournir de la nourriture aux militaires, aux écoles et à d’autres institutions publiques sous la direction de l’équipe actuelle.

Mais le plus grand intérêt réside sans aucun doute dans deux autres activités principales :

Mines africaines

  • En effet, les droits miniers et les concessions de Prigojine en Afrique peuvent constituer des proies attrayantes pour d’autres entités commerciales, voire pour des gouvernements nationaux. Cela pourrait également créer des tensions géopolitiques.
    • Wagner a une présence militaire significative dans au moins quatre pays : la République centrafricaine, la Libye, le Mali et le Soudan. Dans chacun de ces États, les gouvernements ont accordé aux sociétés de Prigojine des droits miniers (RCA, Mali) ou de l’argent (Soudan, Libye) en échange d’un soutien militaire. Le ministère russe de la Défense tente désormais de s’approprier les contrats militaires de Prigojine. L’armée tente de parvenir à des accords avec ses clients africains sur la coopération militaire et la renégociation des contrats existants.
    • Les enjeux ne sont pas négligeables : la mine d’or de Ndassima, en RCA, pourrait à elle seule générer jusqu’à 1 milliard de dollars de bénéfices par an.

Usines à trolls

  • Les « usines à trolls » de Prigojine et d’autres activités médiatiques jouent un rôle unique dans la lutte moderne pour l’information. Il a choisi de liquider ses sociétés de médias après son « coup d’État », mais ses usines à trolls continuent de fonctionner.
    • Cette mission consiste notamment à promouvoir les idées du Kremlin sur Facebook et Instagram, tous deux interdits en Russie, ainsi que sur X, TikTok et YouTube.
    • Certains signes indiquent que l’usine à trolls travaille pour le Kremlin. Après le crash de l’avion de Prigojine, les trolls ont d’ailleurs commencé à promouvoir activement un narratif indiquant que Poutine n’avait rien à voir avec la mort du patron de Wagner.
    • Il est probable que l’État russe ou une entité affiliée reprendra les usines, étant donné qu’elles travaillaient déjà pour son compte.

Une sorte de capitalisme d’État oligarchique

Zoom arrière : la nature de ces affaires, en particulier dans les secteurs si étroitement liés au pouvoir politique, fait qu’il y a toujours des concurrents et des successeurs prêts à combler un vide. Il est probable que de nouveaux acteurs apparaîtront bientôt sur le devant de la scène.

  • Ce qui importe ici, c’est de voir qui, dans l’entourage de Poutine, peut en bénéficier. Les cas Danone et Carlsberg ont déjà donné des indications. Le mois dernier, un proche du dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov et un allié de Vladimir Poutine ont été placés à la tête des activités nationalisées de ces deux entreprises.
  • « Poutine distribue des actifs à ses vassaux », a déclaré Andreï Kolesnikov, du Centre Carnegie Russia Eurasia. « Ces acquisitions représentent ‘une sorte de capitalisme d’État oligarchique’ qui n’existe pas en dehors des liens avec l’État. » Car dans un État mafieux, la loyauté envers le chef de la mafia est plus importante que toute capacité de gestion.

(OD)

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