Suite aux inquiétudes vis-à-vis des potentiels effets secondaires du vaccin AstraZeneca sur les personnes les plus jeunes, certains pays ont décidé d’administrer le vaccin Pfizer comme deuxième dose à ceux ayant reçu une première du produit suédo-britannique. Est-ce bien efficace ? Une étude espagnole livre ses conclusions.
En Belgique, il a été décidé fin avril que le vaccin AstraZeneca serait uniquement administré aux 41 ans et plus (et non aux 56 ans et plus, la barre qui avait été fixée auparavant). Un choix pris sur base de l’avis de l’Agence européenne du médicament (EMA), qui avait indiqué que plus la personne à vacciner est âgée, plus les bénéfices du vaccin l’emportent sur les risques. Pour rappel, la formation de caillots sanguins fait partie, selon l’EMA, des effets secondaires très rares du vaccin suédo-britannique.
Chez nous, si une personne de moins de 41 ans avait déjà reçu une première dose du vaccin suédo-britannique avant cette décision, elle a tout de même reçu (ou recevra) une deuxième dose de ce même vaccin.
Cette stratégie n’a pas été appliquée dans tous les pays de l’Union européenne. L’Italie, par exemple, a fait le même choix que la Belgique. Mais en France, les personnes plus jeunes qui ont reçu une première dose du vaccin AstraZeneca doivent en recevoir une seconde d’un vaccin à ARNm, c’est-à-dire Pfizer ou Moderna. C’est aussi le cas en Allemagne, notamment.
Une première étude rassurante, voire surprenante
Cette semaine, des chercheurs de l’Institut de santé Carlos III, un des principaux instituts de santé espagnols de recherche en santé publique, ont dévoilé les résultats d’une étude portant sur le mélange des vaccins AstraZeneca et Pfizer. Il s’agit de la première en la matière en ce qui concerne la réponse immunitaire fournie par ce ‘cocktail vaccinal’.
Pour mener leur étude a bien, les scientifiques espagnols ont fait appel à 673 volontaires en bonne santé, âgés de 18 à 60 ans. Ils ont chacun reçu une première dose du vaccin AstraZeneca. Deux tiers d’entre eux ont ensuite reçu une seconde dose du vaccin Pfizer, tandis que les autres n’ont tout simplement pas reçu de seconde dose.
Résultat: Les niveaux d’anticorps étaient de 30 à 40 fois plus élevés chez les personnes ayant reçu le vaccin Pfizer deux semaines après celui d’AstraZeneca, par rapport aux participants ayant reçu une seule dose d’AstraZeneca.
Parallèlement, la présence d’anticorps neutralisants a été multipliée par sept après la dose de Pfizer… ce qui est nettement supérieur à l’effet de doublement observé après une deuxième dose d’AstraZeneca.
Notons que l’étude n’a pas encore été officiellement publiée, ni examinée par des pairs. Les premiers résultats divulgués ont été présentées par les chercheurs via un communiqué publié sur le site de l’Institut.
Quid des effets secondaires ?
Les chercheurs espagnols ont indiqué que les effets secondaires de l’association des vaccins AstraZeneca et Pfizer duraient environ deux à trois jours. D’après eux, ceux-ci sont conformes à ce que l’on attend de deux doses du même vaccin, mais ils n’ont pas procédé à une telle comparaison dans leur étude.
Les effets secondaires les plus fréquents étaient une gêne au point d’injection, des maux de tête, de la fatigue, des frissons, des nausées légères, une toux légère et de la fièvre.
Seuls 1,7% des participants ont signalé des effets secondaires ‘sévères’ (maux de tête, douleurs musculaires et sensation de malaise) a précisé la Dr Magdalena Campins, une des auteures de l’étude, citée par Reuters. Mais aucun de ces effets secondaires n’a conduit à des soins médicaux supplémentaires ou à une hospitalisation. ‘Ce ne sont pas des symptômes qui peuvent être considérés comme sévères’, a-t-elle précisé.
La semaine dernière, une étude britannique du même type a par contre révélé que les personnes vaccinées avec une dose du vaccin Pfizer suivie d’une dose du vaccin AstraZeneca, ou vice versa, étaient plus susceptibles de signaler des symptômes légers ou modérés tels que des maux de tête ou des frissons que si elles avaient reçu deux vaccins du même type. Les résultats de cette étude quant à la réponse immunitaire de l’association de vaccins différents ne seront pas connus avant plusieurs mois.
L’Espagne opte pour le mélange des vaccins
En Espagne, le vaccin AstraZeneca est réservé aux personnes âgées de 60 à 69 ans. Aucune décision n’avait été prise jusqu’ici pour les personnes plus jeunes qui avaient reçu une première dose du vaccin suédo-britannique.
Jesus Antonio Frias, directeur clinique de l’Institut de santé Carlos III, a déclaré que les résultats de l’étude plaidaient pour qu’on administre une seconde dose de Pfizer aux Espagnols ayant reçu une première dose d’AstraZeneca. Mais la décision ne revient pas aux auteur de l’étude, a-t-il ajouté.
La décision des autorités sanitaires n’aura pas traîné. Mardi soir, la Commission de la santé publique et le ministère de la santé espagnols ont décidé que les personnes de moins de 60 ans ayant reçu une dose d’AstraZeneca recevront une seconde de Pfizer. Petite précision: ceux qui préfèrent recevoir une deuxième dose d’AstraZeneca y seront autorisées.
Un choix posé suite à l’étude précédemment citée. Les décisionnaires ont estimé que les effets secondaires observés n’entraînaient pas un risque d’effets secondaires plus élevé et ils ont fait remarquer que ce cocktail AstraZeneca+Pfizer offrait une meilleure protection face au virus.
Sur le même sujet: