Pouvons-nous faire confiance au Big Data pour traiter nos données médicales ?

La société anglo-canadienne Cognetivity Neurosciences a développé une application, dotée d’intelligence artificielle (IA), qui permet d’effectuer des diagnostics médicaux, principalement cérébraux, depuis notre téléphone. C’est une avancée majeure dans les soins de santé car cette application pourrait détecter des symptômes extrêmement précoces de démence, de cancers ou d’attaques cérébrales.

Pourquoi est-ce important ?

Les diagnostics tardifs coûtent des trillions de dollars chaque année en soins de santé à travers le monde. L’intelligence artificielle s’impose comme étant l’évolution technologique logique. Cependant, il existe encore de fortes inquiétudes auprès du public concernant la protection et la commercialisation des données privées.

Les avantages

Conçus comme un test simple, les algorithmes de l’application mesurent les aptitudes du patient et détectent automatiquement les potentielles déficiences. Par la même occasion, les systèmes logiciels d’IA pourront désormais passer rapidement au crible les dossiers médicaux de plusieurs personnes afin de contribuer au développement de nouveaux médicaments et traitements. « L’outil résout un problème mondial. La déficience précoce n’est tout simplement pas détectée. Cela pourrait avoir un impact énorme sur les résultats pour les patients et les systèmes de santé », explique Dr Thomas Sawyer, directeur de Cognetivity Neurosciences, et principal architecte de l’application à la BBC.

Robert Wachter, professeur de médecine à San Francisco et auteur du livre intitulé The Digital Doctor, loue par ailleurs le rôle de l’intelligence artificielle. Il considère que grâce à elle, une énorme quantité de recherches pourrait théoriquement être effectuée de manière plus précise, avec de meilleures informations, un meilleur pronostic et des recommandations spécifiques. « Si le National Health Service (NHS) arrive à rassembler les données d’une large population très diverse, de les informatiser et de leur donner un sens, je ne vois aucun endroit mieux que le NHS pour le faire ».

Les risques

Le gouvernement britannique avait annoncé au début de l’année son intention de créer une base de données numérique centrale du NHS. Google, Apple, Amazon et Facebook – les quatre plus grandes entreprises tech – avaient déjà exprimé leur volonté de s’associer au NHS pour accéder aux données. Cette initiative du gouvernement britannique a entre-temps été retardée due aux inquiétudes du public concernant la protection des données et de leur vie privée. Une utilisation à des fins commerciales, telles que l’acquisition d’un prêt hypothécaire, d’une assurance ou d’un contrôle douanier, entrainerait de possibles discriminations. Par conséquent, cette ingérence commerciale pourrait pousser le public à cacher certaines informations potentiellement discriminantes à leur médecin.

Certaines figures du corps médical estiment que les avancées médicales résultant du partage de données (meilleurs diagnostics et recherche médicale) excèdent largement les inconvénients d’une ingérence commerciale dans les données médicales. Il parait évident que malgré les préoccupations en matière de partage de données médicales avec des entreprises privées, le vieillissement des populations dans les pays développés et le coût des soins de santé ne feront qu’accroître la pression en faveur de l’accès aux données.

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