Le président turc Recep Tayyip Erdogan a porté un coup sévère à Vladimir Poutine, mettant ainsi une forte pression sur les relations entre la Turquie et la Russie, qui étaient jusqu’à présent au beau fixe.
Poutine reçoit une triple gifle de la part d’Erdogan

Pourquoi est-ce important ?
La Turquie joue un rôle important, mais parfois ambigu, dans la guerre en Ukraine. Le pays fait partie de l'OTAN et fournit un soutien militaire important à Kiev, mais il tente aussi de jouer un rôle de médiateur dans le conflit. L'accord sur les céréales, qui prévoit le libre passage des navires céréaliers ukrainiens en mer Noire, en est le meilleur exemple. En outre, la Turquie reste en contact diplomatique étroit avec les deux parties, en vue de parvenir à un accord de paix, dit-elle.Dans l’actualité : La Turquie semble choisir une ligne plus claire. Poutine perd à nouveau un allié.
- La mutation d’Erdogan a commencé vendredi, lors d’une réunion avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Les deux hommes ont discuté de l’accord sur les céréales, que Poutine a tenté de faire échouer. Celui-ci a exprimé son désaccord avec les termes actuels, et le Kremlin a en outre déclaré que l’Occident ne les respectait pas, sans toutefois donner beaucoup de détails.
- Par la suite, Erdogan a fait savoir que l’accord sur les céréales se poursuivrait quoi qu’il arrive, avec ou sans la Russie. La protection des navires céréaliers sera assurée par des navires de guerre turcs. Si la Russie décidait par la suite de les attaquer, la Turquie pourrait invoquer l’article 5 du traité de l’OTAN : une attaque contre un État membre est une attaque contre tous et pourrait conduire à une intervention de l’OTAN au complet dans la guerre. Les chances que Poutine prenne ce risque sont extrêmement minces.
- En marge de cet accord sur les céréales, la Turquie et l’Ukraine ont convenu du rapatriement des combattants du bataillon Azov sur un vol en direction de l’Ukraine. Ces soldats, dont le commandant Denys Prokopenko, ont été faits prisonniers par les Russes après la bataille de l’usine Azovstal à Marioupol. Le 21 septembre 2022, il a été échangé avec 214 autres personnes contre 55 Russes et pro-russes, dont l’oligarque ukrainien Viktor Medvedtchouk, un ami proche de Poutine.
- Dans le cadre de l’accord, les combattants du bataillon Azov devaient se rendre en Turquie, où ils devaient être soignés et reprendre des forces. L’accord prévoyait toutefois qu’ils ne pourraient pas retourner en Ukraine avant la fin de la guerre, mais Erdogan et Zelensky en ont décidé autrement : dans une vidéo diffusée par Zelensky samedi, ce dernier a annoncé qu’il ramènerait cinq combattants du bataillon Azov en Ukraine.
À noter également : l’action d’Erdogan ne se limite toutefois pas à l’accord sur les céréales et aux dispositions qui l’accompagnent.
- Ainsi, Erdogan a également ouvert la porte de l’OTAN à l’Ukraine. Il l’a déclaré lors de la conférence de presse conjointe qui a suivi la rencontre avec Zelensky que « l’Ukraine mérite d’adhérer à l’OTAN. » Un nouveau camouflet pour Poutine, qui vient d’évoquer le rapprochement entre ce pays et l’OTAN pour légitimer son invasion. De plus en plus de pays d’Europe de l’Est ont d’ailleurs approuvé l’adhésion de l’Ukraine, mais il faut pour cela l’unanimité. Les pays occidentaux, au premier rang desquels les États-Unis, ne devraient approuver l’adhésion qu’une fois la guerre terminée.
- Par ailleurs, le troisième et, pour l’instant, dernier tacle d’Erdogan concerne l’industrie : l’Ukraine et la Turquie ont signé une lettre d’intention en vue de créer une usine et une chaîne de production communes pour les drones. Auparavant, il a été signalé que deux entreprises ukrainiennes de défense avaient signé trois nouveaux accords avec le fabricant turc de drones Baykar. L’ambassadeur ukrainien en Turquie, Vasyl Bodnar, a confirmé en août dernier que cette société construirait sa propre usine en Ukraine.
MB