Poutine ou Powell: de qui les banques américaines ont-elles le plus peur ?

L’économie américaine est devant deux situations de crise. D’un côté, la guerre en Ukraine, les sociétés qui se retirent du marché russe et perdent des millions, avec l’envolée des prix du pétrole en surplus, et d’un autre côté, l’inflation et l’augmentation des taux d’intérêt. Pour les banques américaines, quelle crise est la pire, et qui des deux hommes les incarnant leur fait le plus peur?

La liste des marques occidentales qui se retirent de Russie s’allonge tous les jours. En quittant ce marché, elles perdent des millions. Les banques sont bien sûr liées à ces entreprises, tout comme elles sont liées à la Russie, certaines notamment via des prêts : et la Russie va tout droit vers la banqueroute.

Mais l’exposition à l’économie russe (lourdement sanctionnée) n’est que minime pour les banques américaines. En tout, elle ne pèserait que 15 milliards de dollars, selon les données de Wells Fargo et de la Banque des règlements internationaux, cités par CNN. Soit moins que 0,1% des actifs totaux dans les banques américaines.

Ce n’est donc que très peu de choses à côté de l’inflation galopante aux Etats-Unis avec ses 7,5% pour le mois de février. Ainsi, Jerome Powell, président de la Réserve fédérale (Fed) annoncera bel et bien, mercredi prochain, une hausse des taux d’intérêt, redoutée par les banques.

Pourquoi les banques ont-elles peur de Jerome Powell?

Une augmentation des taux d’intérêt n’est, en soi, pas une mauvaise chose pour les banques. En vue de la réunion de la Fed (pour laquelle Powell avait déjà annoncé il y a deux semaines que l’augmentation des taux serait décrétée), les cours des actions des banques augmentent ces deux-trois derniers jours. Différents fonds d’investissement et fonds négociés en bourse, concentrés sur les secteurs financiers, comme le Financial Select Sector SPDR, appelé XLF, ou le iShares concentré sur les banques régionales, augmentent également.

C’est qu’avec une augmentation des taux d’intérêt, les banques gagnent plus d’argent, car un prêt coûtera plus cher, en somme. Mais les banques regardent ailleurs, et voient la stagflation se profiler à l’horizon. Une situation compliquée pour l’économie et les banques, qui mélange l’inflation et le recul de la croissance.

Mais la hausse des taux d’intérêt pourrait avoir son rôle à jouer : sans l’argent « gratuit » (taux d’intérêts très bas, qui ont leur part de responsabilité dans l’inflation aussi) disponible pour la relance d’après-pandémie, cette relance serait freinée net, et la croissance pourrait reculer.

Poutine

Les prix de l’énergie qui explosent (où Poutine a cependant sa part de responsabilité) peuvent davantage pousser à la stagflation : d’un côté, ils peuvent faire une réaction en chaîne qui fait augmenter les prix de nombreux biens (par exemple à cause du transport et de la production, qui nécessitent carburant et électricité), et d’un autre, les prix peuvent tellement augmenter que les consommateurs arrêteront d’acheter certains biens, ce qui se traduit par le recul de la croissance. L’indice de leurs confiance est déjà en forte baisse.

Ainsi, les banques craignent que la Fed augmente le taux d’intérêt trop vite. Ils seront alors dissuasifs pour les clients et les entreprises qui veulent emprunter de l’argent, ce qui peut également avoir un impact sur le recul de la croissance, car il y aura moins d’investissements, par exemple.

Entre ces différents courants, la Fed devra donc trouver le juste milieu ; son influence sur les prix du pétrole en tout cas est inexistante. Son verdict est attendu pour mercredi prochain.

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