La Russie envisage de créer un « cryptorouble », une monnaie virtuelle pour contourner les sanctions économiques imposées au pays, affirme le Financial Times. Des officiels du gouvernement russe auraient rapporté que le président Vladimir Poutine aurait demandé de réfléchir à la création d’une monnaie virtuelle russe. Cet été, le président russe a rencontré Vitalik Buterin, un programmeur russo-canadien co-fondateur d’Ethereum, une monnaie virtuelle. À la suite de cette rencontre, Poutine a demandé à son cabinet de travailler sur un projet de réglementation.Lors d’une récente réunion de cabinet, Sergei Glazev, conseiller économique de Poutine, aurait indiqué qu’une monnaie virtuelle serait utile pour contourner les sanctions internationales. « Cet instrument nous conviendrait bien pour les activités sensibles pour le compte de l’Etat. Nous pourrions mettre en place des comptes avec nos contreparties tout autour du monde sans nous préoccuper des sanctions », a déclaré Glazev.Selon lui, cette monnaie virtuelle serait similaire au rouble, mais « sa circulation serait restreinte d’une certaine manière ». Ainsi, les autorités russes pourraient retracer toutes les transactions.
Une utilité discutable
La technologie de la blockchain, ou registre des transactions, fait appel à la cryptographie pour permettre à des tiers de partager et de mettre à jour des enregistrements d’informations. Elle échappe donc à toute autorité centrale, et confère un certain anonymat.Cependant, il n’est pas évident qu’un cryptorouble pourrait permettre à des entreprises ou des citoyens russes de conclure des transactions sans que les États-Unis en soient informés. De même, on ne voit pas très bien comment une monnaie virtuelle d’État pourrait financer des banques étatiques ou permettre d’acheter des armes, des secteurs sensibles directement affectés par les sanctions.Par ailleurs, on ne sait pas non plus si cette monnaie virtuelle serait émise par la banque centrale russe, ou par les banques commerciales du pays, et qui serait autorisé à en détenir. La banque centrale russe a elle-même indiqué que les monnaies virtuelles « présentaient tous les signes d’une pyramide financière ». Elle souhaiterait en restreindre l’accès à des « investisseurs qualifiés », pour éviter à des Russes ordinaires d’être victimes d’arnaques.Enfin, la Russie n’est pas le seul pays à s’intéresser aux monnaies virtuelles. La Corée du Nord témoigne également d’un certain intérêt pour les cryptomonnaies. Quant au Venezuela, il a récemment créé sa propre monnaie virtuelle, le « Petro ».