La tension monte en Biélorussie. Alors qu’un sommet extraordinaire entre les 27 États membres de l’UE se tiendra en urgence mercredi pour traiter la situation, les conflits s’intensifient. L’Allemagne a également haussé le ton, menaçant d’étendre ses sanctions. De son côté, le président Vladimir Poutine s’est engagé à soutenir son homologue Alexandre Loukachenko.
Ce dimanche s’est tenu l’un des plus grands rassemblements d’opposition de l’histoire de la Biélorussie. Près de 100.000 manifestants se tenaient debout à Minsk, réclamant le départ du président Alexandre Loukachenko, dont la réélection a été largement contestée. Après avoir évoqué une intervention russe, le président a demandé à ses partisans ‘de défendre l’indépendance du pays’.
C’était la première fois que le président prenait la parole en une semaine. Il faut dire que le mouvement prend de l’ampleur en Biélorussie depuis plusieurs jours. Depuis jeudi, plusieurs grandes manifestations se sont déroulées. Face à plusieurs protestations occidentales, les autorités biélorusses se sont malgré tout tempérées et ont annoncé la libération de plus de 2.000 des 6.700 personnes interpellées lors des manifestations.
Loukachenko sollicite Poutine en renfort
Face à cette révolte, le président biélorusse a demandé à s’entretenir avec son homologue russe, laissant entendre que la contestation en Biélorussie représentait une menace pour l’ensemble de la région. La Russie est presque le seul allié restant du président.
Pourtant, les deux puissances avaient pris leurs distances au cours de ces dernières années. Poutine voulait que la Biélorussie réintègre la ‘mère-patrie’, mais le président biélorusse a toujours tenu tête. Le pétrole russe bon marché avait alors cessé de couler, ce qui a débouché sur un certain nombre de problèmes économiques, qui ne sont sans doute pas inhérents à la situation actuelle.
Le président russe s’est néanmoins engagé à soutenir son homologue. Ce week-end, Loukachenko s’est vanté, lors d’une émission de télévision, d’un échange téléphonique avec le président Poutine. Ce dernier se serait dit prêt à ‘apporter tout son soutien’ à Loukachenko.
Des propos corroborés par le Kremlin. Peu de temps après, la Russie a confirmé qu’elle était ‘prête à fournir l’assistance nécessaire pour résoudre les défis auxquels la Biélorussie était confrontée, sur la base des principes du traité d’établissement d’un État d’unité’. Le traité, signé en 1999, repose sur un partenariat entre les deux pays. Son but ultime était de former une fédération comme l’Union soviétique, avec un drapeau commun et un seul chef d’État.
Un sommet européen improvisé
La situation sur place s’étant aggravée, Charles Michel a décidé de convoquer un sommet par visioconférence dès mercredi, alors que la situation biélorusse devait être initialement abordée fin août lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE.
Berlin, qui assure la présidence de l’Union européenne, menace désormais d’étendre les sanctions déjà décidées contre des responsables du Bélarus.
Sanctionner les dirigeants biélorusses. C’était bien l’idée qui circulait depuis quelques jours entre les capitales européennes et à laquelle avaient adhéré Josep Borrell et Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne.
Des sanctions individuelles et ciblées
Lors d’une réunion vendredi dernier, l’UE avait en effet déjà tablé sur des sanctions: les ministres des Affaires étrangères des 27 s’étaient entendus pour dresser une liste des personnes accusées d’avoir ‘organisé et procédé à la répression’. La liste devait ensuite être soumise aux différents États membres avant d’être validée.
‘L’Union européenne n’accepte pas les résultats des élections’, avait déclaré Josep Borrell, haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. De son côté, Heiko Maas, ministre des Affaires étrangères allemand avait déclaré que ‘ les responsables des mauvais traitements doivent être sanctionnés et les résultats des élections doivent être réévalués.’
La Biélorussie doit actuellement faire face à un embargo portants sur les ventes d’armes et de matériel pouvant être utilisés à des fins de répression. Pas moins de 4 personnes sont en effet déjà interdites de séjour au sein de l’Union européenne. Face aux nouveaux événements survenus récemment, de nouveaux noms éventuels s’ajouteraient à cette liste.
Il est toutefois frappant de constater qu’on ne voit quasi aucun drapeau européen dans les rues des Minsk.