Au début de la guerre, l’envoyé en chef de Vladimir Poutine en Ukraine a conclu un accord provisoire avec Kiev pour mettre fin au conflit. L’accord répondait notamment à la demande de la Russie de maintenir l’Ukraine en dehors de l’OTAN. Mais Poutine a rejeté l’accord et a poursuivi sa campagne militaire. C’est ce qu’ont rapporté trois personnes proches des dirigeants russes à l’agence de presse Reuters.
L’envoyé d’origine ukrainienne, Dmitry Kozak, a déclaré à Poutine qu’il pensait que l’accord conclu rendait inutile l’occupation de l’Ukraine par la Russie. Au début de la guerre, Poutine a déclaré publiquement à plusieurs reprises que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN constituait une menace existentielle pour la Russie, ce qui l’a obligé à réagir.
Mais malgré son soutien antérieur aux négociations, Poutine a clairement indiqué que les concessions négociées par son assistant n’allaient pas assez loin et qu’il avait élargi ses objectifs pour y inclure l’annexion de certaines parties du territoire ukrainien, selon les sources de Reuters.
Deux des trois sources ont déclaré à Reuters qu’une tentative de finalisation de l’accord avait eu lieu immédiatement après l’invasion russe du 24 février. En quelques jours, Kozak est parvenu à un accord provisoire dans lequel les principales conditions de la Russie étaient satisfaites. Il a conseillé à Poutine de signer l’accord.
Un confident de Poutine depuis les années 1990
Kozak est – ou était – un confident de Poutine. Il travaille avec lui depuis les années 1990, lorsque ce dernier était maire de Saint-Pétersbourg. Depuis 2020, Kozak était chargé d’organiser des discussions avec ses homologues ukrainiens sur la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine, contrôlée par les séparatistes soutenus par la Russie depuis 2014. M. Kozak était également présent lorsque, trois jours avant l’invasion, Poutine a réuni ses chefs de l’armée et de la sécurité ainsi que ses principaux collaborateurs pour une réunion du Conseil de sécurité russe. Poutine y reconnaît formellement les territoires des séparatistes.
Cela a été diffusé à la télévision, mais lorsque les caméras ont disparu, M. Kozak s’est prononcé contre les mesures prises par la Russie pour envenimer la situation avec l’Ukraine, selon les sources de Reuters.
« Aujourd’hui, nous comprenons clairement que la partie russe n’a jamais été intéressée par un règlement pacifique »
Six mois après le début de la guerre, Kozak est d’ailleurs toujours en poste en tant que chef adjoint du personnel du Kremlin. Mais le dossier de l’Ukraine lui a été retiré des mains.
Selon le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, tout cela ne s’est jamais produit. « Cela n’a absolument rien à voir avec la réalité. Rien de tel n’est jamais arrivé. C’est une information absolument fausse », a-t-il déclaré à l’agence de presse. Kozak n’a quant à lui pas répondu aux demandes de commentaires.
Mykhailo Podolyak, conseiller du président ukrainien, a affirmé que la Russie avait utilisé les négociations comme un écran de fumée pour préparer son invasion, mais il n’a pas répondu aux questions sur le contenu des discussions ni confirmé qu’un accord préliminaire avait été conclu. « Aujourd’hui, nous comprenons clairement que la partie russe n’a jamais été intéressée par un règlement pacifique », a déclaré M. Podolyak.
(JM)