Pourquoi Poutine s’est contenté de la Crimée?

Pourquoi la Russie s’est-elle contentée de s’emparer de la Crimée, alors qu’elle avait la capacité d’envahir la totalité de l’Ukraine en 2014? L’Ukraine était bien trop faible pour résister à une attaque militaire russe, ce que le président russe Vladimir Poutine devait parfaitement savoir, grâce à ses services d’intelligence, ou, mieux, grâce à l’ex-président ukrainien déchu, Viktor Yanukovitch, qui avait trouvé refuge en Russie. Et pourtant, il n’a jamais tenté d’occuper le pays. Pour Leonid Bershidsky de Bloomberg, le président russe ne cherchait qu’à déstabiliser l’Ukraine. Les Russes se sont vantés de s’être emparé de la Crimée “sans un seul coup de feu”, et de fait, les politiciens ukrainiens n’ont que vainement tenté d’éviter la perte de la Crimée, note Bershidsky. Seul, le président du Parlement Oleksandr Turchynov, a évoqué la possibilité d’une contre-offensive.Mais les autres dirigeants ukrainiens, et notamment le Premier ministre Arseni Iatseniouk, s’y sont opposés, mettant en garde contre les éventuelles conséquences désastreuses d’un conflit armé avec la Russie. Selon les services d’intelligence du pays, l’Allemagne et les États-Unis auraient dissuadé l’Ukraine de riposter, car “Poutine aurait utilisé cela pour débuter une invasion de grande échelle”.Malgré cette passivité, Poutine n’a pas décidé d’envahir effectivement l’Ukraine, bien qu’il n’ignorait pas sa faiblesse militaire. Pour Bershidsky, il s’en est gardé parce qu’il craignait les énormes implications internationales d’une telle décision. “Il voulait seulement la Crimée, la base navale russe principalement habitée par des Russophones pro-Moscou. (…) Il ne veut pas d’un contrôle trop évident de ce pays, ou de tout autre pays voisin, seulement d’une influence politique et économique. En Ukraine, il veut affaiblir suffisamment le pays pour que l’Occident s’inquiète de le prendre avec lui, de l’intégrer dans les institutions européennes”.Et de ce point de vue, la stratégie de Poutine est un succès, juge Bershidsky. “L’Ukraine demeure indigente, et déchirée par des dissensions internes”.

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