Pourquoi l’homme le plus riche de la planète est originaire d’Europe et a failli être belge ?

Nouvelles surprenantes : depuis ce mois-ci, l’homme le plus riche du monde est le Français Bernard Arnault. La façon dont le dirigeant de LVMH est devenu le plus riche indique que l’Europe a un grand avenir en tant que continent et n’est pas nécessairement un futur désert. Encore plus frappant : l’homme a failli être naturalisé belge, mais nos propres autorités y ont mis un terme.

Le milliardaire le plus riche aujourd’hui

Le magazine économique Forbes suit en « temps réel » la fortune de tous les milliardaires du monde. Bernard Arnault figure dans le top 20 depuis des années mais n’avait jamais atteint la première place. Grâce aux excellents résultats de LVMH, le groupe de luxe que dirige le Roubaisien, ainsi qu’au krach de Microsoft, Amazon et Tesla, il a dépassé Bill Gates, Jeff Bezos et Elon Musk et s’est installé très confortablement à la place d’homme le plus riche du monde ces derniers jours. Sa fortune est estimée à 180 milliards de dollars.

La volatilité du marché boursier

Il est vrai qu’aux États-Unis, les entreprises obtiennent des valorisations beaucoup plus élevées que dans le reste du monde. 55 % de la valeur du marché boursier mondial se trouve à Wall Street. En outre, l’importance des sociétés de « capital-investissement » – des sociétés qui lèvent des capitaux en dehors du marché boursier – est beaucoup plus grande, ce qui signifie que les sociétés, même celles qui ne sont pas bien gérées, peuvent prendre de la valeur beaucoup plus rapidement.

Toutefois, le revers de la médaille est qu’elles peuvent aussi perdre de la valeur beaucoup plus rapidement si l’économie s’affaiblit, si les investisseurs perdent confiance et si la mauvaise gestion fait surface. Il suffit de penser à FTX, WeWork et Twitter.

C’est à ce moment-là que les entreprises fortes émergent. « Ce n’est que lorsque la marée descend que l’on découvre qui nage nu », a dit Warren Buffett à ce sujet. Cette année, l’action LVMH a perdu moins de 2 %, alors que la plupart des actions américaines ont perdu entre 20 % et 80 %, notamment celles des entreprises technologiques.

À ce titre, LVMH est le prototype d’une entreprise qui ne peut exister qu’en Europe : une entreprise où les bâtisseurs de marques règnent, où le design et l’artisanat sont essentiels et où la famille règne en maître.

1. Constructeur de marque par excellence

LVMH est l’exemple parfait d’une entreprise qui construit des marques avec un énorme savoir-faire en matière de marketing et de ventes, associé à une discipline financière à toute épreuve. Les marques Louis Vuitton, Christian Dior, Tag Heuer, Fendi, Dom Pérignon et des dizaines d’autres grandes marques symbolisent parfaitement les domaines dans lesquels l’Europe excelle. Parmi les dix personnes les plus riches de la planète figure également la famille Bettencourt, propriétaire de L’Oréal, une autre méga-marque.

2. Une culture de designers et d’artisans

En outre, il existe au sein de LVMH une culture de designers, d’artisans, de créateurs et d’artistes. L’Europe a construit beaucoup de traditions et de métiers dans des disciplines telles que le design, l’art, la conception et l’architecture. Respecter cette culture dans un monde globalisé devient de plus en plus attrayant, un monde où l’authenticité est devenue essentielle dans l’expérience de la marque.

Il en va de même pour les constructeurs automobiles. Bien que Tesla soit en tête pour l’instant, personne ne peut égaler la connaissance du métier des Allemands. Des phénomènes tels qu’Ikea, qui comprend parfaitement l’évolution du design et des intérieurs, et l’ensemble de l’industrie italienne de la mode illustrent parfaitement cette expertise européenne.

3. Une entreprise familiale avec une vision à long terme

En outre, l’entreprise est toujours détenue à 48 % par la famille. Il est donc beaucoup moins dépendant de l’humeur du marché boursier et la planification à long terme est une priorité. Cette situation est également typique de l’Europe, où il est beaucoup plus difficile d’entrer en bourse qu’aux États-Unis. Cela vous fait réfléchir beaucoup plus sur le rôle de votre propre famille.

Aujourd’hui, ses cinq enfants, issus de deux mariages, travaillent dans l’entreprise, où, selon les initiés, ils sont rigoureusement testés dans un processus de sélection darwinien. L’avenir du groupe est assuré et ne risque pas de glisser des mains de la famille de sitôt. En tant qu’investisseur dans cette action, vous ne pouvez que vous en réjouir.

Presque belge

Une anecdote frappante. L’homme a failli devenir belge en 2012. Arnault était à la recherche d’un régime fiscal plus favorable et a remarquablement atterri à Bruxelles, bien que les raisons pour lesquelles il a choisi la nationalité belge n’aient jamais été tout à fait claires.

Parce qu’il n’a pas pu prouver qu’il vivait ici depuis trois ans, qu’une enquête sur une éventuelle fraude fiscale a été ouverte par le tribunal de Bruxelles, ainsi que la réaction furieuse de la presse française, le projet a été mis au placard. La couverture du journal français Libération de cette époque en dit donc long.


Xavier Verellen est un auteur et un entrepreneur (www.qelviq.com)

MB

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