Pourquoi les prix du gaz sont redescendus aussi vite qu’ils ont grimpé après l’invasion de l’Ukraine par la Russie

Dans la journée de jeudi, journée durant laquelle les troupes russes ont commencé à envahir l’Ukraine, les prix du gaz en Europe ont grimpé de plus de 50%. Vendredi, cette hausse a été en bonne partie effacée. Pourquoi ?

Face au début des affrontements en Ukraine, les prix du gaz ont flambé jeudi. Le prix pour livraison en mars du TTF-Future néerlandais, prix de référence du gaz naturel en Europe, a enregistré un bond de plus de 50% par rapport à la veille, pour clôturer à 134 euros par mégawattheure.

Vendredi, le prix du TTF-Future néerlandais a pris le sens inverse. Il a clôturé à 94,5 euros, une bonne partie de la hausse de la veille étant absorbée. Mercredi soir, son prix était en effet tout proche des 89 euros.

Des sanctions occidentales qui évitent le secteur énergétique russe

Jeudi en fin de journée, les sanctions prononcées par les puissances occidentales ont été scrutées de toutes parts. Et elles ont rassuré les les traders. Joe Biden, notamment, a décidé d’inclure dans son paquet de sanctions une exception pour les paiements énergétiques, une source cruciale de revenus pour Moscou.

Après une réunion avec le G7 (+UE et OTAN), le président américain a également laissé sur la touche l’option d’exclure la Russie du Swift, ce qui l’aurait déconnectée du système économique mondial. Et qui auraient bien sûr également lourdement impacté les sociétés énergétiques russes.

« Biden a pris soin d’expliquer qu’il ne sanctionnait pas l’exportation d’énergie russe », a déclaré David Aserkoff, analyste chez JPMorgan, cité par le Financial Times. « Son discours a pris soin de dire que si l’objectif était de nuire à l’économie russe, il cherchait à limiter l’impact sur les prix du pétrole et implicitement sur d’autres matières premières également. Cela était également cohérent avec le point de vue selon lequel les sanctions sont censées blesser l’ennemi, pas soi-même. »

Nouvelles commandes européennes à Gazprom

Dans le même temps, les flux de gaz russe vers l’Europe ont augmenté vendredi. Car les Européens en ont commandé davantage, le combustible fossile étant utilisé pour chauffer les foyers et brûlé pour faire fonctionner les centrales électriques. Cette augmentation des commandes se fait dans le cadre de contrats à long terme avec Gazprom, la structure des accords faisant qu’il est actuellement moins cher de désigner des volumes maximums à Gazprom que d’acheter sur le marché au comptant.

« Ce qui est intéressant, c’est que Gazprom choisit d’utiliser le gazoduc Yamal-Europe [via la Pologne] plutôt que d’envoyer encore plus de gaz à travers l’Ukraine », a fait remarquer Tom Marzec-Manser, responsable de l’analyse du gaz chez ICIS. Une première depuis de nombreuses semaines.

Gazprom ne met toutefois toujours pas de volumes supplémentaires à disposition et ne remplit pas ses propres installations de stockage en Europe, notent les analystes. Rien de neuf sous le soleil de ce côté-là. La politique du fournisseur russe consistant à ne remplir que ses obligations contractuelles et à ne pas vendre sur le marché au comptant a été l’un des facteurs clés de la très forte hausse des prix du gaz survenue fin 2021. Une flambée qui s’est répercutée sur les factures énergétiques des ménages et de l’industrie sur tout le continent, renforçant l’inflation.

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