Dans les années 1970, le psychologue clinicien de Long Island Martin Eisenstadt s’est intéressé aux antécédents familiaux de toutes les personnes qui avaient eu une importance assez considérable pour mériter la moitié d’une page consacrée à leur biographie dans la célèbre Encyclopaedia Britannica.
Il en résulte un échantillon de 573 figures célèbres, d’Homère à John F. Kennedy, comprenant un riche mélange d’écrivains, de scientifiques, de politiciens, de compositeurs, de soldats, de philosophes et d’explorateurs.
Ce qui intéressait Eisenstadt, ce n’était pas leurs motivations, mais plutôt la mise à l’épreuve de sa théorie selon laquelle la perte de l’un ou des deux parents à un âge précoce était à l’origine d’un traumatisme qui favorisait le développement de psychose mais aussi de génie.
Or, il a trouvé que beaucoup de ces personnages qui s’étaient distingués avaient été orphelins. Ceux de cette échantillon de 573 personnes avaient perdu leur(s) parent(s) à l’âge moyen de 13,9, alors que les gens plus ordinaires du groupe de contrôle avaient perdu les leurs à l’âge moyen de 19,6 ans.
En voici quelques exemples :
Les personnages politiques
Jules César (a perdu son père à l’âge de 15 ans)
Napoléon (a perdu son père à l’âge de 15 ans)
Quinze Premiers ministres britanniques
Le président américain Washington (a perdu son père à l’âge de 11 ans)
Le président Jefferson (a perdu son père à l’âge de 14 ans)
le président Lincoln (a perdu sa mère à l’âge de 9 ans)
Le Président Clinton (a perdu son père lorsqu’il était bébé)
Lénine (a perdu son père à l’âge de 15 ans)
Hitler (a perdu son père à l’âge de 13 ans)
Gandhi (a perdu son père à l’âge de 15 ans)
Staline (a perdu son père à l’âge de 11 ans)
Les scientifiques éminents:
Copernic (a perdu son père à l’âge de 10 ans)
Newton (a perdu son père à l’âge avant sa naissance)
Darwin (a perdu sa mère à l’âge de 8 ans)
Michel-Ange (a perdu sa mère à l’âge de 6 ans)
Les grands musiciens:
Bach (a perdu son père et sa mère à l’âge de 9 ans)
Haendel (a perdu son père à l’âge de 11 ans)
Les grands auteurs:
Dante (a perdu sa mère à l’âge de 6 ans)
Dostoïevski (a perdu sa mère à l’âge de 15 ans)
Keats (a perdu son père à l’âge de 8 ans puis sa mère à l’âge de 14 ans)
Byron (a perdu son père à l’âge de 3 ans)
Emerson (a perdu son père à l’âge de 8 ans)
Melville (a perdu son père à l’âge de 12 ans)
Wordsworth (a perdu sa mère à l’âge de 7 ans puis son père à l’âge de 13 ans)
Nietzsche (a perdu son père à l’âge de 4 ans)
Charlotte, Emily et Anne Brontë (ont perdu leur mère aux âges respectifs de 5 ans, 3 ans et 1 an)
Virginia Woolf (a perdu sa mère à l’âge de 13 ans)
Mark Twain (a perdu son père à l’âge de 11 ans)
Sur le plan psychologique, la perte de parent est un signal qui indique que le monde n’est pas sûr et qu’un déploiement d’énergie sera nécessaire pour retrouver cette sécurité. Ce signal peut affecter la relation de l’enfant au monde, redéfinir son identité, réorienter son esprit et lui donner de l’énergie pour faire face aux dangers et aux opportunités de la vie. C’est ce qu’Eisenstadt a appelé « Le tremplin d’une immense énergie compensatoire ». Dans « Origins of Genius », Dean Keith Simonton écrit aussi que « Ces évènements dramatiques contribuent au développement d’une personnalité assez forte pour surmonter les nombreux obstacles et frustration qui se présentent sur la voie de la réussite ».
(Source : The Talent Code: Greatness Isn’t Born. It’s Grown. Here’s How, Daniel Coyle)