Une rumeur a fait rebondir les marchés la semaine dernière : la fuite d’un document qui montrerait que Pékin envisage de laisser derrière elle sa politique très stricte vis-à-vis du Covid. Les marchés y voient un signal positif. Pourtant, ce serait une très mauvaise nouvelle pour l’inflation.
Pourquoi il ne faut pas espérer la fin de la politique zéro-covid de la Chine

Pourquoi est-ce important ?
La politique zéro-covid mine la croissance chinoise depuis bientôt deux ans. Nulle part ailleurs dans le monde, on continue de prendre autant de précautions contre la résurgence de cas de coronavirus. Cette politique a miné la croissance chinoise qui pourrait être à peine supérieure à 3% en 2022. Ce qu'on n'avait plus vu depuis des décennies. Mais en ces temps d'inflation, il s'agit plutôt d'une aubaine.Dans l’actu : une capture d’écran agite les marchés depuis la semaine dernière.
- Une capture d’écran contenant 4 paragraphes qui décrivaient un assouplissement de la politique zéro-covid en Chine a réveillé des marchés moroses. Le message a commencé à se répandre comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Cela a entraîné une hausse de quelque 450 milliards de dollars de l’indice boursier chinois MSCI China Index, mercredi dernier.
- Tout le monde a fini par en bénéficier. Vendredi dernier, les marchés des bourses mondiales ont grimpé entre 2 et 3%. Encore ce lundi matin, l’indice Hang Seng Tech (Hong Kong) a brièvement dépassé les 5 % dans les échanges matinaux en Asie.
- Pourtant, les autorités chinoises ont réitéré ce weekend s’en tenir « indéfectiblement » à leur politique zéro-covid. Elle consiste en des confinements à répétition, des campagnes de tests PCR massives et des quarantaines obligatoires pour les étrangers arrivant sur le sol chinois.
L’essentiel : la fin de la politique zéro-covid ne serait pas une bonne nouvelle pour l’inflation.
- Avérée ou fausse, cette réouverture de la Chine ne serait certainement pas une bonne nouvelle pour l’inflation mondiale. Imaginez un seul instant les ravages sur l’inflation d’une économie chinoise qui tournerait à plein régime.
- D’abord, les pénuries et les goulots d’étranglement sont toujours une réalité. Rappelons ici que ce sont ces deux éléments qui ont déclenché l’inflation.
- Il y a ensuite l’approvisionnement énergétique : il est désormais prouvé que l’économie chinoise qui tournait au ralenti a permis à l’Europe de faire le plein de GNL pour remplir ses réserves. La demande chinoise de pétrole a, elle aussi, largement faibli cette année. En septembre, l’Agence internationale a revu à la baisse ses prévisions, ce qui a largement contribué à la décrue des prix pétroliers ces dernières semaines.
- Un retour en force de la Chine viendrait donc renforcer la tension sur les prix de l’énergie, mais aussi sur les origines de l’inflation.
- En fait, tout est une question de timing : il est à espérer que l’on retrouve le chemin d’une normalisation de l’inflation avant que la Chine ne retrouve sa marche en avant. Si la Chine se réveillait maintenant, ce serait une catastrophe pour l’inflation. Si elle se réveillait dans quelques mois, cela pourrait être une aubaine dans une économie qui sera probablement en récession.
Et maintenant : Goldman Sachs ne croit pas à la fin de la politique zéro-covid à court terme.
- D’abord les chiffres : les cas de covid sont au plus haut en 6 mois en Chine, avec 3.659 nouvelles infections ce samedi, contre 2.000 nouveaux cas positifs mercredi dernier, au moment où la rumeur a éclaté. Quand on sait que la Chine enclenche des confinements pour une poignée de cas, il faut prendre ces chiffres au sérieux.
- En fait, le nombre de personnes en quarantaine dans le pays est désormais au plus haut depuis le confinement de Shanghai au printemps, note le cabinet Capital Economics, avec des foyers détectés dans plus de 50 villes.
- Du côté de Goldman Sachs, on ne croit pas à la fin d’une politique stricte « avant des mois », car « les taux de vaccination des personnes âgées restent faibles et les taux de létalité semblent élevés parmi les personnes non vaccinées d’après les données officielles de Hong Kong », rapporte CNBC.
- Goldman Sachs table donc toujours sur une réouverture pour le second trimestre de 2023. Ce qui, à ce moment-là, sera une très bonne nouvelle pour les marchés : « Nous estimons qu’une réouverture complète pourrait entraîner une hausse de 20 % des actions chinoises« , estiment les économistes. Un moment d’opportunités avec des actions qui sont bon marché. Tout est une question de timing…