Hong Kong demeure extrêmement importante pour la Chine, affirme The Economist qui rappelle que les exigences en matière de réformes démocratiques ont donné lieu à des manifestations d’une très grande ampleur dans l’enclave. Hong Kong et la Chine ont beaucoup à perdre de la dégradation de la relation spéciale qu’elles entretiennent, analyse le journal.
Pendant longtemps, Hong Kong a servi de pont entre la Chine et le reste du monde, à la foi pour les flux de biens et de capitaux dans les deux sens. Mais la Chine s’est elle-même ouverte sur le monde au cours des dernières années, en en conséquence, ce rôle s’est atténué. En 1997, au moment où la Grande-Bretagne a rétrocédé l’enclave à la Chine, le PIB de Hong Kong représentait 16% de celui de la Chine. Mais aujourd’hui, cette proportion s’est réduite à 3%. Mais ce n’est pas une bonne référence, car le PIB de la Chine s’est considérablement développé entretemps, et on ne peut plus comparer la Chine de 1997 avec celle d’aujourd’hui, qui compte près de 20 villes avec plus d’un million d’habitants.
Hong Kong est ainsi demeurée incontournable pour l’Empire du Milieu dans le domaine financier et dans certains autres domaines, et les liens se sont renforcés, plutôt qu’affaiblis. Ainsi, Hong Kong est devenue une place incontournable pour les firmes chinoises qui peuvent y lever des capitaux boursiers pour se financer plus facilement qu’en Chine continentale. Selon Dealogic, au cours des deux dernières années, les entreprises chinoises sont parvenues à lever 43 milliards de dollars lors de leurs introductions en bourse à Hong Kong, contre seulement 25 milliards de dollars sur le marché boursier de la Chine continentale.
Hong Kong a également permis aux entreprises chinoises d’avoir accès aux capitaux et au crédit internationaux. En outre, Hong Kong est une plaque tournante pour l’investissement en Chine, ou en dehors. L’année dernière, les investissements de l’enclave ont représenté les deux tiers des investissements directs étrangers en Chine, contre 30% au milieu de la décennie précédente. Lorsqu’elles veulent investir en Chine, les multinationales ont l’habitude d’ouvrir des têtes de pont à Hong Kong, car elles apprécient son environnement stable et la protection de son système juridique fiable.
Sur les 5 dernières années, le gouvernement chinois a utilisé Hong Kong comme un laboratoire pour un certain nombre de réformes financières. Par exemple, en 2009, il y a testé l’acceptation du yuan comme monnaie internationale.
« La Chine continentale a grandement bénéficié du statut unique de Hong Kong », écrit The Economist, rappelant que même si l’enclave est séparée de la Chine continentale, elle lui est étroitement liée, et elle est elle aussi contrôlée par le Parti Communiste de Pékin. « Près de la moitié des exportations de Hong Kong aboutissent en Chine ; un cinquième de ses actifs bancaires sont des prêts à des clients chinois, tandis que les dépenses du tourisme et du commerce de détail, provenant principalement de la Chine, représentent 10% du PIB de Hong Kong. De l’autre côté, l’exposition directe de l’économie chinoise à Hong Kong est de plus en plus petite. Mais ce serait une grave erreur de conclure qu’Hong Kong n’a de ce fait aucune importance pour la Chine », prévient le magazine, expliquant que si la Chine devait mettre cette relation en danger, Hong Kong serait la plus affectée, mais la Chine ne serait pas épargnée.