Elon Musk a fait une offre à 44 milliards de dollars pour s’offrir le réseau social le plus influent au monde. Son offre a été acceptée par le Conseil d’administration, mais la transaction réelle ne sera actée qu’à l’automne prochain. À moins qu’Elon Musk ne change d’avis. C’est le point de vue d’un article d’opinion de l’agence de presse Reuters.
Le rachat de Twitter par l’homme le plus riche du monde suscite bien des remous. Les libertariens se réjouissent de bientôt retrouver une « liberté d’expression absolue » sur leur réseau social préféré. D’autres s’inquiètent de la propagation de fake news, de haine et d’opinions racistes que pourrait entrainer l’arrivée du Sud-Africain aux manettes.
Mais Elon Musk à la tête de Twitter, ce n’est pas encore fait. Saviez-vous par exemple qu’il existe une clause – à un milliard de dollars – qui permet au patron de Tesla de se retirer ? Reuters évoque plusieurs raisons qui pourraient mener Musk à faire marche arrière.
À commencer par le célèbre emballement du milliardaire qui n’en est pas à son coup d’essai en matière de rétro-pédalage. Comme cette fois où il a annoncé créer une entreprise de confiserie pour se mesurer à l’investisseur vedette Warren Buffett. Ou cette fois où il a promis de faire don de 6 milliards de dollars, si l’ONU venait avec un plan pour abroger la faim dans le monde – ce que l’organisation a fait.
Tesla
L’offre à 44 milliards semble à première vue plus sérieuse. Mais la meilleure raison qui pourrait lui faire jeter l’éponge est sans doute à chercher du côté de Tesla. Ça ne va pas fort sur les marchés pour le constructeur de voitures électriques. Suite à l’annonce du rachat de Twitter, Tesla a perdu 12% en un jour, et 126 milliards de dollars de valeur boursière par la même occasion.
Les investisseurs craignent que Musk ne vende une partie de ses actions Tesla pour financer son rachat de Twitter. Si ce financement sera en partie permis par un prêt, il s’est tout de même engagé à mettre 21 milliards de dollars sur la table lui-même: beaucoup pensent que cela passera par une réduction de sa participation dans son entreprise automobile.
D’autre part, certains suiveurs se demandent si Musk, faute de temps, ne va pas devoir être amené à laisser quelque peu Tesla de côté pour se consacrer à son nouveau jouet. Il est également possible qu’il transfère quelques hauts dirigeants de l’entreprise automobile vers Twitter, ce qui met un peu de flou autour de la façon dont Tesla sera gérée à l’avenir.
Imaginons maintenant qu’Elon Musk décide finalement de ne pas racheter Twitter. On peut supposer qu’une hausse de l’action Tesla en résultera et qu’elle compensera largement les pertes et certainement la clause d’un milliard de dollars.
Liberté d’expression
Et puis il y a cette fameuse liberté d’expression absolue. Il est fort possible que Musk se rende compte qu’il ne pourra pas aller jusqu’au bout, à l’encontre de la volonté des États. Même si le milliardaire s’est engagé à ne tolérer que les opinions qui soient encadrées par la loi, on voit qu’il veut pousser le curseur assez loin.
Mais de quelle loi parle-t-on ? De quel pays ? Côté européen, le Commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, a déjà mis en garde le milliardaire contre un resserrage de vis de l’entreprise privée, dans le Financial Times. Quant aux États-Unis, où les régulateurs sont moins agressifs, ce sont les entreprises privées qui pourraient s’en mêler: songez à Apple qui peut d’une simple décision supprimer Twitter de son App Store si la plateforme venait à aller trop loin.
La façon dont Elon Musk tweete de manière frénétique ces derniers jours pourrait être un dernier indice: le milliardaire veut peut-être uniquement taper du pied dans la fourmilière, mais dans les faits, son réseau social préféré l’intéresse peu d’un point de vue commercial ou technologique, sa seule vraie passion.