Pour l’institution bancaire, ce sont les deux pays les plus à risque parmi les grandes économies développées. Le Royaume-Uni, en particulier, suscite beaucoup de pessimisme.
On qualifie de récession, une économie en perte de croissance durant deux trimestres consécutifs. Or au Royaume-Uni, tous les indicateurs de croissance sont dans le rouge, écrit Saxo Bank.
- L’indice de confiance des consommateurs GfK est tombé sous son plus bas historique, à -40 en avril, en raison de l’augmentation du coût de la vie.
- Les ventes au détail semblent stagner à moyen terme malgré le rebond à court terme d’avril (+1,4 % en volume par rapport au mois précédent).
- L’IPC (l’indice des prix à la consommation) d’avril a bondi de deux points de pourcentage en un mois seulement, passant de 7 % en glissement annuel en mars à 9 % en avril. La barre des 10 % n’est qu’une question de temps selon l’institution bancaire.
« La réserve d’épargne accumulée pendant la crise sanitaire reste abondante. Mais elle est surtout concentrée dans les ménages à hauts revenus. Il est donc très peu probable qu’elle stimule la consommation », écrit Christopher Dembik, analyste en chef chez Saxo Bank.
Les autres indicateurs économiques ne sont guère plus réjouissants.
- L’indicateur avancé de l’OCDE pour le Royaume-Uni, qui est conçu pour anticiper les points de retournement de l’économie six à neuf mois à l’avance, est tombé à 100 en avril. Le taux de variation annuel était de +10,4 % en avril 2021 ; il est maintenant de -0,4 %.
- Les immatriculations de voitures neuves, un indicateur qui suit généralement fidèlement la croissance britannique, sont en baisse, passant de 1,88 million en juin 2021 à 1,61 million, aujourd’hui, « soit une chute vertigineuse de 11 % ».
Dans le reste du monde
Le scénario d’une récession mondiale n’est pas le scénario de base de Saxo Bank. Toutefois, concernant les grandes économies développées, après le Royaume-Uni, c’est la France qui court le plus grand risque de récession. L’économie française a vu sa croissance stagner au premier trimestre suite à une baisse inquiétante de la consommation intérieure.
Une baisse de la consommation intérieure qui ne concerne pas les États-Unis par exemple, qui eux sont plus dans un scénario de stagflation, une période de faible croissance et d’inflation élevée. C’est aussi le scénario envisagé pour l’Allemagne, pourtant hyper dépendante de ressources énergétiques extérieures, ce qui augmente le cout de ses entreprises exportatrices.
Saxo Bank observe d’ailleurs une contraction des exportations en Allemagne et en Chine. Pour l’Empire du Milieu, ce sont bien sûr les nouveaux confinements stricts qui plombent à nouveau la chaine d’approvisionnement. Si cette contraction venait à perdurer, Saxo Bank n’exclut pas le scénario d’une récession mondiale, « mais il est encore trop tôt pour l’envisager », tempère Christopher Dembik.
Belgique
En Belgique, le scénario d’une récession n’est pour le moment pas le scénario privilégié. Mais le pays a une économie très dépendante de ses voisins directs: la France, l’Allemagne et les Pays-Bas. La principale inquiétude chez nous, outre l’endettement très élevé, est l’inflation galopante, qui est par exemple deux fois plus élevée que chez nos voisins du sud. La Banque Nationale et les organisations patronales s’inquiètent en particulier de l’inflation des salaires qui résulte de l’indexation automatique. Un mécanisme presque unique en Europe et qui pourrait faire perdre à nos entreprises de la compétitivité.