Comment le jubilé de la reine Elizabeth II pourrait provoquer une récession au Royaume-Uni

La reine Elizabeth II a fêté hier ses 96 ans. Une autre célébration en son honneur pourrait mettre un frein à l’économie britannique. Le jour de congé supplémentaire avant son jubilé de platine, qui sera célébré début juin, pourrait faire la différence entre une légère contraction économique ou une croissance minimale.

Une récession nous renvoie souvent l’image d’une période économique difficile. Cela peut être dû aux souvenirs désagréables de la crise financière de 2009. En réalité, la plupart des récessions ne sont guère plus qu’une brève période pendant laquelle l’économie surmonte un obstacle. Trop souvent, cette bosse a une cause stupide. Fin 2018, par exemple, l’économie allemande a connu des moments difficiles en raison d’un manque de précipitations dans les Alpes. En conséquence, le niveau d’eau du Rhin était si bas qu’aucun trafic maritime n’était possible dans certaines parties du fleuve. Comme des usines entières ne pouvaient plus être approvisionnées, la productivité a temporairement chuté. La récession vers laquelle le Royaume-Uni pourrait se diriger entre dans la même catégorie : une combinaison de pure coïncidence et de malchance.

La récession ? La faute à 1952 !

Les graines d’une éventuelle récession britannique en juin prochain ont été semées il y a plus d’un demi-siècle. Le 6 février 1952, le roi George VI du Royaume-Uni est décédé. Sa fille Elizabeth lui a succédé. Au début de cette année, cela a fait exactement 70 ans qu’elle s’est assise sur le trône. Il faut bien sûr fêter cela et l’une des façons de le faire est d’avoir un jour de congé supplémentaire au début du mois de juin. En conséquence, le deuxième trimestre de 2022 compte un jour ouvrable de moins par rapport à celui de l’année dernière. Et cela pourrait bien faire la différence entre une croissance économique minime ou une très faible contraction. En effet, à l’instar de l’Europe continentale, l’économie britannique ressent les effets de la hausse des prix de l’énergie et de l’inflation galopante.

Énergie et inflation : la douleur est temporaire

Cette combinaison entraîne une baisse de près de 2% du pouvoir d’achat des ménages britanniques. Il s’agit du niveau le plus élevé depuis plus de cinquante ans. En comparaison : après la crise financière, le pouvoir d’achat avait diminué de 1,5%. La bonne nouvelle est que ce phénomène n’est que temporaire. À moins que les prix de l’énergie ne s’envolent à nouveau au cours des 12 prochains mois, l’inflation diminuera progressivement. En outre, les consommateurs britanniques bénéficient d’un peu plus d’espace financier, grâce à un marché du travail tendu qui se traduit par des salaires plus élevés. Sur les marchés des devises, le taux de change de la livre ne donne aucun signe de récession prochaine.

Tous les yeux sur le marché des taux d’intérêt

Bien que la devise britannique ait reculé ces derniers jours, la livre est toujours plus élevée de plus de 5% par rapport à l’euro qu’un an auparavant. Malgré toutes les fluctuations du taux de change (exportateurs : n’oubliez pas de couvrir votre risque de change), la devise tourne autour de son plus haut niveau depuis plus de cinq ans. Cela ne devrait pas changer pour l’instant. Le monde des devises observe de très près le marché des taux d’intérêt. La Banque d’Angleterre a mis le pied sur l’accélérateur avec trois hausses de taux depuis l’automne dernier. Pendant ce temps, la Banque centrale européenne ose à peine toucher au levier de vitesse. Tant que cet écart de taux d’intérêt se creuse plutôt que de se réduire, même le jubilé de la reine Elizabeth II ne pourra pas freiner la livre.


Joost Derks est un spécialiste des devises chez iBanFirst. Il a plus de vingt ans d’expérience dans le secteur. Cet article exprime son opinion personnelle et ne constitue ni un conseil professionnel ni un conseil d’investissement.

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