Pour Jean-Claude Juncker, l’UE doit s’entretenir directement avec la Russie sans passer par les USA

L’ancien président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a accordé une interview exclusive à la revue Groupe d’études géopolitiques, dans laquelle il enjoint l’UE à faire cavalier seul plutôt que de se reposer sur ce qui est jugé bon par et pour l’Amérique.

L’homme politique luxembourgeois a rappelé une évidence : là où les États-Unis se trouvent de l’autre côté de l’Atlantique, la Russie reste un voisin direct, qui partage des frontières avec l’UE et avec lequel les liens économiques sont bien plus étroits qu’on ne le pense, résume Euractiv.

« Contrairement à ce qui se passe avec les États-Unis, la Russie est notre voisin immédiat. Nous ne pouvons pas changer la géographie ; l’Europe est proche de la Russie, et cette proximité a des conséquences. Envisager une architecture de sécurité pour l’Europe sans réserver une place à la Russie est une impasse. » rappelle M. Juncker, qui a occupé la présidence de la Commission européenne de 2014 à 2019.

Réapprendre à se parler

Celui-ci a abordé les tensions qui découlent directement de ce voisinage entre la Russie et les anciens satellites ou composantes de l’URSS, comme la Pologne ou les pays baltes, qui ont depuis rejoint l’UE: « Je ne dirais pas que cela ne tient pas compte du problème de la Crimée ou de l’Ukraine orientale, mais nous devons avoir une relation permanente avec la Russie. Nous devons nous parler. Les Américains ne sont pas dans le voisinage immédiat de la Russie. En ce qui concerne ces deux sujets – la Russie et la Chine – nous ne pouvons pas suivre les instructions qui viennent de Washington ; nous devons avoir une autonomie analytique et opérationnelle. »

En soi, les positions de M. Juncker ne sont pas nouvelles. Au moment où les relations entre les deux pays étaient au plus bas après l’annexion de la Crimée, M. Juncker a également préconisé de parler à la Russie. En ce qui concerne la crise actuelle, ce point de vue a été exprimé, plus ou moins timidement, dans différentes capitales européennes, comme à Vienne par exemple.

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