La plupart des approches modernes du bonheur invitent à se focaliser sur ce qui va bien. Mais c’est précisément ce qui nous rend souvent misérables, affirme Oliver Burkeman dans The Guardian, parce que nous nous entêtons à vouloir éliminer tout ce qui est négatif, ce qui augmente notre sentiment d’anxiété et notre insécurité, et nous empêche d’être pleinement heureux. Il propose une autre méthode pour être heureux : accepter l’incertitude, l’insécurité, et l’échec.
La technique de la « visualisation positive » est universelle : en se représentant les choses en train de bien se passer, on met toutes les chances de son côté pour qu’elles se passent bien effectivement. Mais la recherche en psychologie montre cependant que cette visualisation positive peut également prêter à confusion, et que les gens les plus optimistes s’illusionnent en pensant que leur emprise sur les évènements est plus grande qu’elle ne l’est en réalité. L’inconvénient, c’est que cela peut réduire leur motivation. L’une des illustrations de cet effet est le jeune athlète qui considère qu’il est naturellement doué dans sa discipline, et qui du coup ne travaille pas assez pour s’imposer comme le meilleur. Tout ce passe comme les gens qui se sont imaginés en train de réussir avaient fait une confusion entre le succès réel et le succès imaginé.
L’école philosophique du stoïcisme propose au contraire de mettre l’accent sur ​​les expériences et les émotions négatives pour atteindre le calme et le bonheur. Les Stoïciens conseillent d’imaginer le pire des scénarios. L’excès d’optimisme provoque une déception plus grande lorsque les choses tournent mal, et de plus, du fait de l’adaptation hédonique, la plus petite source de plaisir devient rapidement un acquis, et nous nous y habituons de telle sorte qu’elle cesse de produire de la joie.
Souvent, les choses ne seront pas optimales, affirment les Stoïciens, mais la plupart du temps, elles ne seront pas aussi mauvaises que ne l’avions craint. Le psychologue Albert Ellis affirme que «Le pire d’une catastrophe est généralement notre croyance exagérée de son horreur ». Mais dès que l’on se met à imaginer que les choses pourraient mal se passer, on rend cette crainte gérable. Le bonheur par la pensée positive est fugace et fragile ; a contrario, la visualisation négative offre un calme bien plus fiable.
La prochaine fois que vous ferez l’expérience d’un échec, analysez-le, et considérez que c’est le témoignage que vous repoussez les limites de vos compétences actuelles, propose Burkeman. Tolérer l’échec peut être non seulement une technique pour atteindre le succès, mais c’est aussi la recette pour être plus heureux.