Serait-ce le bon moment pour introduire Porsche en bourse ?

Le constructeur allemand de voitures de sport Porsche est si rentable, que certains actionnaires souhaiteraient le détacher du groupe Volkswagen. En effet, une introduction en bourse de la firme leur rapporterait des dividendes plus importants. Mais il n’est pas évident que leur voeu sera exaucé.

A bien des égards, on pourrait penser que Porsche est une goutte d’eau dans l’empire Volkswagen (VW). Le constructeur de voitures de sport a produit 253 000 voitures l’année dernière, contre 10,9 millions de véhicules pour l’ensemble du groupe  VW. Mais il est très rentable, au point que le magazine The Economist le qualifie même de « moteur à haut régime de VW ». Même s’il n’a compté que pour 10 % du chiffre d’affaires total de VW, il a généré 30 % des bénéfices du groupe, soit presque autant qu’Audi, qui a écoulé 1,5 million de voitures.

Porsche est le moteur à haut régime de VW

Il faut dire que les marges de Porsche sont exceptionnellement élevées pour un constructeur automobile. La marge de la firme s’est établie à 18 %, alors qu’elle demeure inférieure à 10 % chez la plupart de ses homologues. Son bénéfice moyen atteint 16 250 euros pour chaque véhicule, contre 3 200 euros chez Audi, et même 960 euros chez Volkswagen.

Porsche était au bord de la faillite lorsque VW en a fait l’acquisition en 2009. Mais la firme avait alors commencé à conquérir un nouveau public avec des modèles moins sportifs. En 2002, l’année de lancement du SUV Cayenne, le constructeur n’avait vendu que 55 000 voitures de sport. Désormais, ses deux modèles de SUV, le Cayenne et le Macan, représentent près des deux tiers de sa production. Certains experts pensent que les voitures électriques pourraient doubler cette vente en cinq ans. Et ce n’est pas fini. Selon Ferdinand Dudenhöffer du think tank Centre for Automotive Research, Porsche pourrait doubler ses ventes en 5 ans grâce aux voitures électriques.

Une introduction en bourse séparée justifiée

Pour nombre de petits actionnaires de Volkswagen, ces réalisations justifieraient que l’on procède à la scission de VW pour introduire Porsche séparément en bourse. Ils rappellent que cela a été très profitable pour Ferrari lorsque la firme s’est séparée du groupe Fiat-Chrysler en 2015.

Selon le consultant Evercore ISI, la valorisation de Porsche atteindrait 150 milliards d’euros, soit près du double de la valeur marchande de l’ensemble du groupe Volkswagen. Le CFO de VW, Frank Witter, a estimé l’année dernière que cette question était « justifiée ». 

Mais l’exemple d’Aston Martin n’augure rien de bon. Depuis son introduction en bourse en octobre dernier, les actions du constructeur britannique de voitures de luxe ont dévissé de 70 %. Les investisseurs commencent en effet à comprendre que cette firme n’est pas aussi juteuse qu’ils le pensaient. 

L’appartenance au groupe VW apporte des bénéfices indiscutables

En outre, les gros bénéfices de Porsche sont pour partie fondés sur les répartitions des coûts de développement de nouveaux modèles au sein du groupe VW. Par exemple, les bases du Cayenne sont les mêmes que celles du Touareg de VW et du Q7 d’Audi. Audi et Porsche envisagent également de mettre en commun une plates-forme pour le développement de nouvelles voitures électriques. Et selon certains analystes, ces synergies sont capitales pour le constructeur. 

Il est aussi possible que le Lander de Basse-Saxe, qui détient encore 20 % des droits de vote sur le groupe, s’oppose à une telle scission. De même, les syndicats, présents au conseil d’administration de la firme, peuvent également opposer leur veto au démantèlement de VW, qui saperait leur influence sur les activités rentables de Porsche.

Enfin, il est peu probable que les familles Porsche et Piëch, principales actionnaires de Volkswagen, soient disposées à diviser le groupe.

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