Porno : quel est son impact sur la vie sexuelle des jeunes ?

« Est-ce que la pornographie détruit la virilité des jeunes hommes ? », telle est la question posée par Belinda Luscombe dans Time (accès payant). Grâce à Internet, toute une génération de jeunes hommes a grandi avec des cerveaux qui ont « virtuellement mariné dans le porno » – des vidéos explicites d’actes sexuels de tous types imaginables, qu’ils commencent à visionner en moyenne à l’âge de 12 ans. Un nombre croissant de jeunes hommes disent maintenant que ce régime a altéré leur sexualité et cause des problèmes de performance dans la chambre à coucher, ce qu’on appelle « dysfonction érectile induite par le porno ». Habitué à la satisfaction immédiate et à la nouveauté constante des vidéos pornographiques, jusqu’à un tiers des hommes de moins de 40 ans aurait déjà souffert de dysfonction érectile face à une femme, selon plusieurs études. « Ces jeunes hommes ont le sentiment d’être les cobayes involontaires d’une expérience en grande partie incontrôlée qui durerait une dizaine d’années » et les conséquences, pour beaucoup, entraînent une baisse de moral… et pas que.

Une crise de santé publique

Que vous pensiez ou non que le porno est immoral, nous dit Gail Dines dans le Washington Post, la science démontre qu’on a atteint « la crise de santé publique de l’âge du numérique », modelant nos opinions sur les questions du sexe, de l’intimité, et de la violence sexuelle. Une étude a montré que 83 % des hommes en études supérieures qui regardent des films pornographiques ‘classiques’ « avaient plus de chances de dire qu’ils allaient commettre un viol ou une agression sexuelle », alors que les femmes en âge de faire des études supérieures souffrent d’une estime de soi réduite, ce qui est en partie dû aux standards irréalistes imposés par des starlettes du porno rasées qui poussent des hurlements orgasmiques.« Est-ce que cela signifie que nous ne devrions pas regarder de pornographie ? » se demande Rachel Kramer Bussel dans Salon.com. Non, ce n’est pas la solution. Des millions d’hommes et de femmes prennent plaisir à regarder du porno sans que cela ruine leur vie sexuelle. La clé d’une consommation saine est de faire comprendre aux jeunes que le porno relève de la fiction, et que les vraies personnes ont des besoins émotionnels et sexuels complexes.

Une empreinte neuronale

Mais l’omniprésence du porno a conduit les hommes à simplifier leurs besoins sexuels, indique Rob Dreher dans AmericanConservative.com. Des recherches ont démontré que le visionnage fréquent de pornographie laisse une « empreinte neuronale », et forme les hommes à associer le sexe avec « isolement, fantasme, et contrôle autoritaire », et à considérer les femmes comme des objets remplaçables qui apparaissent et disparaissent avec le clic de la souris.Mais si le porno rend les hommes hostiles envers les femmes, pourquoi les taux de viol et d’abus conjugal ont-ils diminué de façon significative ces dernières années ? s’interroge Conor Friedersdof dans TheAtlantic.com. Il répond que le porno n’est « ni entièrement bénéfique ni entièrement néfaste ». Est-ce que le porno va vraiment recâbler les cerveaux – ou servir d’exutoire sexuel ? « Seul le temps nous le dira ».

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