Un grand nombre d’anciens commissaires européens se sont recasés à des postes élevés dans des entreprises et des groupes de pression. L’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder (SPD) s’est fait embaucher par le géant énergétique russe Rosneft, qui est en grande partie entre les mains du Kremlin. Que faut-il en penser ?
Un grand nombre d’anciens commissaires européens se sont recasés à des postes élevés dans des entreprises et des groupes de pression. L’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder (SPD) s’est fait embaucher par le géant énergétique russe Rosneft, qui est en grande partie entre les mains du Kremlin. Que faut-il en penser ?
Le rapprochement de Schröder avec la Russie a fait froncer beaucoup de sourcils en Allemagne. L’actuelle chancelière Angela Merkel a estimé que son comportement n’était « pas correct » et s’est engagée à de son côté à refuser « toute fonction dans l’industrie lorsque je ne serai plus chancelière. Pourtant, Schröder n’est pas le seul. Le mois dernier, on a appris que l’ancien président allemand Christian Wulff (CDU) avait également décroché un poste chez le géant turc de la mode Yargici, avec un salaire annuel de 236 000 euros. En France, l’ancien premier ministre François Fillon (Les Républicains) vient de débuter ce mois-ci son nouvel emploi chez le gestionnaire d’actifs Tikehau Capital.
Transparency International
Ces nominations suscitent beaucoup de malaise, notamment sur le plan du lien qui unit les entreprises et la politique, ce que l’on appelle le pantouflage. Transparency International, une organisation de lutte contre la corruption, a examiné ce qu’il était advenu aux 512 politiciens de l’UE après la fin de leur dernier mandat au cours des dernières années.Elle conclut que plus de la moitié des ex-commissaires européens, et 30 % des ex-Eurodéputés, occupent des emplois dans des grandes entreprises (il cite ArcelorMittal, Uber ou encore Volkswagen, des sociétés qui ont fait l’objet de polémiques au niveau européen), ou dans des groupes de pression. Ainsi, José Manuel Barroso, l’ancien président de la Commission européenne, est président du conseil non exécutif et conseiller à la succursale londonienne de la banque d’investissement américaine Goldman Sachs.AFP PHOTO / POOL / DMITRY LOVETSKY
Qu’y gagnent les entreprises ?
Toutes ces entreprises affirment qu’elles maintiennent des normes éthiques élevées, mais « On ne peut exclure la possibilité que des conflits d’intérêt émergent », s’inquiète Transparency International. Elle estime que la période de 18 mois à l’issue de leur mandat pendant laquelle les politiciens doivent s’interdire d’accepter de telles propositions d’emploi est bien trop courte.La carrière de ces ex-politiciens assure les entreprises qu’elles pourront béneficier d’une expertise, de contacts mais aussi d’un accès informel à d’anciens collègues, voire, d’une influence. Tikehau Capital a déjà fait savoir qu’elle capitalisait sur les connaissances en économie de François Fillon, et son expertise internationale. Selon certains critiques, les entreprises pourraient aussi chercher à insinuer aux politiciens plus jeunes qu’ils pourraient eux aussi assurer leur reconversion de façon similaire s’ils se comportent « bien »…