Ce dimanche 5 février, l’Union européenne mettra en œuvre son embargo maritime sur les produits pétroliers russes. Dans le même temps, elle est censée instaurer un plafond de prix sur ceux-ci. Mais ça continue de coincer. Il ne reste plus que quelques heures avant de trouver un accord.
Le plafond sur les produits pétroliers russes est censé entrer en vigueur dimanche… et les pays européens se chamaillent toujours dessus

Pourquoi est-ce important ?
Dans sa stratégie visant à faire baisser les revenus énergétiques du Kremlin en vue de mettre à mal son entreprise guerrière en Ukraine, l'Union européenne va bientôt dégainer deux nouvelles armes : un embargo maritime et un plafond de prix sur les produits pétroliers russes. Encore faut-il savoir où placer ledit plafond.Dans l’actu : ça discute ferme autour du plafond.
- Réunis mercredi, les ambassadeurs de l’UE n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur le plafonnement du prix des différents produits pétroliers russes.
- Quatre pays jugent les propositions de la Commission européenne trop clémentes.
Le détail : un quatuor veut plus de fermeté.
- La semaine dernière, la Commission a proposé un plafond de prix de 100 dollars le baril pour les produits qui se négocient au-dessus du prix du brut (comme le diesel) et de 45 dollars pour ceux qui se négocient en dessous.
- La Pologne, l’Estonie, la Lituanie et la Lettonie ne sont pas d’accord. Elles estiment que ces mesures risquent d’être inefficaces et qu’il faut donc placer le curseur plus bas.
- En outre, le quatuor « belliciste » aimerait que le plafond actuel sur le brut russe (à 60 dollars) soit baissé à 50 voire 40 dollars le baril.
- Durant le mois de janvier, le baril d’Oural s’est négocié à des prix compris entre 46 et 52 dollars le baril, rendant le plafond inutile.
- « Cela représente vraiment une façade par les pays de l’UE », a réagi auprès de Politico Lauri Myllyvirta, du Centre for Research on Energy and Clean Air, basé à Helsinki. « L’objectif doit être de pousser les prix de vente de la Russie bien en dessous de ce que le marché les fixerait, proches des coûts de production, privant la Russie de profits excédentaires. Au lieu de cela, la mentalité de trop de pays est de fixer des niveaux de plafond si élevés qu’ils n’agissent que comme coupe-circuit contre les flambées de prix.
- Il y a quelques semaines, ce même centre de recherche avait calculé que, malgré les différentes sanctions, la Russie percevait encore 640 millions d’euros par jour en vendant ses combustibles fossiles.
« Marre du chantage moral des pays balte et de la Pologne »
Et maintenant : se hâter.
- Une nouvelle réunion devait avoir lieu ce jeudi, mais elle a été reportée à ce vendredi. Les négociateurs européens espèrent trouver un accord avant dimanche.
- Il faudra voir si la Pologne et les pays baltes obtiendront gain de cause.
- Il y a quelques mois, ils avaient réussi à faire passer la proposition initiale de 65-70 dollars à 60 dollars.
- Un diplomate a toutefois confié à Politico que les plus grands pays commençaient à en avoir « marre du chantage moral » des quatre pays bellicistes.
Le contexte : la Russie ne veut plus entendre parler de plafond.
- Pour ceux qui se demanderaient à quoi peut bien servir un plafond s’il y a de toute façon un embargo européen sur les produits pétroliers russes, la raison est à chercher du côté des livraisons ailleurs dans le monde.
- L’UE n’est pas la seule à avoir mis en place un plafond sur le brut et à préparer un système similaire sur les produits raffinés. Elle coopère avec le G7 et l’Australie. Ce qui rend les discussions d’autant plus complexes.
- La majorité des navires chargés du transport des produits pétroliers russes sont dépendants d’entreprises situées dans des pays de cette alliance, notamment pour leur assurance. Celles-ci étant obligées de respecter le plafond, il est difficile pour la Russie d’y échapper.
- Depuis mercredi, la Russie a pourtant annoncé avoir interdit la livraison de brut et de produits pétroliers lorsque les contrats mentionnaient un plafond de prix.
- Reste à voir si elle appliquera effectivement cette mesure et si, le cas échéant, sa « flotte fantôme » et les pétroliers préparés par l’Inde et la Chine – ses nouveaux clients préférés – lui permettront de continuer à obtenir des revenus favorables.