Ce mardi, la Commission européenne a proposé un plafond du prix du gaz à 275 euros le MWh. Les critiques pleuvent, en marge d’une réunion qui s’annonce tendue.
« Absurde », « insuffisant », « cadeau aux spéculateurs » : vilipendé par certains États, le plafond de prix du gaz de Bruxelles annonce une réunion sous haute tension

Pourquoi est-ce important ?
Après des mois de discussions, la Commission a proposé un mécanisme instaurant un plafond du prix du gaz à 275 euros le MWh. Et encore, sous certaines conditions. Plusieurs pays - surtout du sud - sont rapidement montés au créneau. A eux de tenter de renverser la vapeur ce jeudi, lors d'une réunion qui s'annonce tendue.Dans l’actu : certains pays ne sont pas du tout satisfaits par la proposition de la Commission.
- France, Espagne, Italie, Grèce, … Les ministres de plusieurs pays ont vivement critiqué la proposition de la Commission sur un plafond du prix du gaz à 275 euros le MWh.
- Ce jeudi, le ministres européens de l’Energie se réuniront pour discuter de cette proposition. Ce sera ensuite aux États de se positionner afin d’entériner – ou non – ladite proposition.
Les déclarations : certains ne mâchent pas leurs mots.
- En France, le cabinet de la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runnacher a dénoncé un dispositif « insuffisant ».
- Selon elle, la proposition de la Commission « ne répond pas à la réalité du marché ».
- « Il faut que la Commission propose un texte opérationnel, pas simplement un texte qui fait de l’affichage politique et qui peut avoir potentiellement des effets pervers ou nuls », a-t-elle ajouté.
- Réaction similaire en Espagne, de la part du Premier ministre Pedro Sanchez.
- Selon lui, il s’agit d’une proposition « insuffisante », qui « ne va pas dans la bonne direction ». Il a demandé à la Commission de faire preuve « d’ambition » et « d’engagement ».
- Sanchez voit même dans le mécanisme proposé de possibles « effets pervers » pouvant mener à des hausses de prix. Un comble.
- L’Espagne va « s’opposer fortement » à ce mécanisme lors de la réunion de ce jeudi, a-t-il prévenu. Faute d’un nouveau texte « sérieux », elle pourrait « simplement cesser de soutenir les propositions de la Commission sur d’autres questions importantes pour elle ».
- Du côté de l’Italie, c’est le ministre de l’Environnement et de la Sécurité énergétique qui s’est chargé de tancer la proposition de la Commission.
- Interrogé par la Republicca, Gilberto Pichetto Fratin a déclaré voir dans ce mécanisme un « cadeau pour ceux qui spéculent sur le gaz ».
- « Dès les premières simulations, avec un tel mécanisme, le plafond ne partirait pas même si le prix explosait comme cela s’est produit l’été dernier », a-t-il mis en garde.
- Parmi les grands opposants à ce mécanisme, on retrouve également la Grèce.
- « C’est un montant absurdement élevé étant donné qu’aujourd’hui le prix est à 115 € », a souligné le ministre de l’Energie, Kostas Skrekas.
- « La Grèce va essayer de confirmer qu’il y a une majorité de 15 États pour que nous baissions le plafond entre 150 et 200 € », a-t-il ajouté.
Et maintenant : ça risque de barder.
- Ce jeudi, les ministres européens de l’Energie se réuniront pour discuter de cette proposition. Au vu de ces différentes réactions, il semble peu probable qu’ils lui donnent leur feu vert.
- Outre les quatre pays cités ci-dessus, des nations telles que la Belgique, la Pologne ou le Portugal, qui poussaient pour un plafond mais qui l’imaginaient bien plus bas, s’y opposeront plus que probablement.
- Cette réunion doit aussi permettre de valider d’autres propositions visant à faire baisser les prix de l’énergie, telles qu’un achat conjoint obligatoire de gaz et un accord de solidarité de partage du gaz en cas d’urgence. Initialement pour, certains pays pourraient tenter de bloquer également ces propositions afin d’empêcher le plafond à 275 euros le MWh de devenir une réalité.
- On notera par ailleurs que certains pays, parmi lesquels on retrouve notamment l’Allemagne et les Pays-Bas, sont quant à eux opposés au principe même de plafond des prix du gaz. Ils craignent qu’une tel mécanisme impacte l’approvisionnement du bloc.
- Ce jeudi, il s’agira avant tout de discussions. Pour une réelle prise de décision, il faudra attendre le prochain Conseil européen, qui se tiendra le 19 décembre.