Le plus grand producteur de pétrole de mer du Nord est en train d’augmenter ses investissements pétroliers, et il pourrait même continuer sur cette voie l’année prochaine. Une décision directement liée à la taxe sur les bénéfices exceptionnels, mise en place il y un an après avoir été réclamée à cor et à cri en raison de la crise énergétique.
Quand la taxe sur les surprofits encourage un géant du pétrole à… investir davantage dans le pétrole

Pourquoi est-ce important ?
Ces dernières années, la plupart des politiques énergétiques introduites à travers le monde (occidental, en tout cas) semblent décourager les investissements dans les énergies polluantes. Pourtant, en y regardant de plus près, certains textes ont l'effet inverse. Quand les taxes anti-énergies fossiles deviennent pro-énergies fossiles, le Big Oil en profite.Dans l’actu : Harbour Energy va investir davantage dans la production de pétrole.
- Ce jeudi, Harbour Energy a annoncé qu’elle allait augmenter ses investissements en mer du Nord en vue d’y produire davantage de pétrole.
- Le géant pétrolier britannique veut profiter au maximum des règles actuelles, avant un éventuel retour des travaillistes au pouvoir.
Comment est-ce possible ?
Les détails : c’est sûr pour 2023 et possible pour 2024.
- Citée par le Financial Times, la CEO de Harbour Energy a fait savoir que les investissements pétroliers de son entreprise au Royaume-Uni seraient « un peu plus élevés » cette année que l’année dernière.
- Dans la mesure où ses collègues et elle voyaient « des opportunités de cycle court et à haut rendement » se présenter actuellement, il n’a pas exclu de reproduire le même schéma en 2024.
- Car après, ce sera plus incertain. Les Britanniques se présenteront aux urnes en janvier 2025 : une victoire des travaillistes, pour l’instant pressentie, risquerait de causer du tort à Harbour Energy – ou en tout cas à ses vélléités pétrolières.
Les explications : une déduction spéciale.
- Si Harbour Energy est si pressée d’investir davantage dans la production de pétrole, c’est en raison de la taxe sur les bénéfices exceptionnels des entreprises énergétiques (Energy Profits Levy- EPL), introduite l’an dernier sous le gouvernement Johnson.
- Un géant pétrolier qui investit davantage alors qu’il est soumis à une nouvelle taxe, cela peut paraître paradoxal. Cela s’explique en fait par une « super-déduction » figurant dans le texte, qui récompense les entreprises investissant dans de nouvelles productions pétrolières et gazières.
- Cette déduction a été instaurée pour que le Royaume-Uni dispose de sources d’énergie suffisantes jusqu’à ce qu’il puisse pleinement passer à des formes d’énergie plus vertes, explique le FT.
Rappelons qu’il y a quelques semaines, le gouvernement Sunak s’est attiré les foudres des ONG en annonçant vouloir « maximiser l’exploitation » des réserves de pétrole et de gaz du Royaume-Uni.
Légères pertes
Contexte : Harbour Energy en veut plus.
- La patronne du groupe pétrolier, Linda Cook, a indiqué faire pression auprès du gouvernement britannique pour qu’il inclue d’autres déductions au sein de sa taxe sur les bénéfices exceptionnels.
- Elle aimerait notamment que les investissements dans des projets de captage et de stockage du carbone soient également concernés.
- Harbour Energy a dévoilé ses résultats pour le premier semestre ce jeudi. Ils sont conformes aux attentes :
- 429 millions de dollars de profits avant impôts, contre 1,24 milliard un an plus tôt.
- 8,4 millions de pertes nettes, en bonne partie due à l’EPL, contre 984 millions de bénéfices nets lors du premier semestre 2022.