Petit à petit, la BCE semble se rappeler quelle est sa tâche la plus importante

Jeudi prochain, économistes et investisseurs seront sans doute pendus aux lèvres de Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE). Ses dernières remarques suggèrent que la banque centrale pourrait inverser la vapeur plus tôt que prévu.

Les membres du conseil d’administration de la BCE vont se réunir jeudi pour discuter de la suite de la politique monétaire de l’Union. Lors de la dernière réunion, il avait été décidé d’arrêter le programme d’achat au troisième trimestre, ce qui ouvre la porte à une hausse des taux vers la fin de l’année.

Une inflation galopante

Ce message n’a certainement pas été une surprise, étant donné que l’inflation s’envole depuis plusieurs mois maintenant. Le taux d’inflation dans la zone euro a atteint 7,5 % en mars, le niveau le plus élevé depuis l’introduction de l’euro. Dans notre pays, elle atteint 8,31%. Aux Pas-Bas, elle a même atteint 9,7 % le mois dernier.

Selon certains critiques, la BCE a agi bien trop tard ou fait encore bien trop peu pour lutter contre ce taux d’inflation galopant. Des voix s’élèvent également au sein de la banque centrale pour réclamer une action plus rapide. Joachim Nagel, président de la banque centrale allemande, en fait (traditionnellement) partie. « Les données relatives à l’inflation parlent d’elles-mêmes », a-t-il déclaré la semaine dernière. « La BCE ne doit pas manquer les occasions de prendre des contre-mesures en temps opportun ».

Danger de récession

Il ne faut pas oublier que le régulateur a longtemps maintenu que l’inflation était temporaire, ce qui explique qu’aucune mesure d’envergure n’ait été prise jusqu’à présent. En outre, un resserrement trop rapide de la politique pourrait avoir de lourdes conséquences sur la croissance économique actuellement très fragile de la zone euro. Si les taux d’intérêt augmentent trop rapidement, la zone euro pourrait entrer en récession, surtout maintenant qu’une guerre se déroule en Ukraine.

Mais maintenant, la BCE semble prête à tirer plus fort sur le frein à main. Le procès-verbal de la réunion de mars sur les taux d’intérêt indique que, selon certains membres du conseil, les conditions d’une augmentation des taux sont réunies. La banque américaine Goldman Sachs n’exclut même pas que le régulateur relève les taux d’intérêt deux fois cette année. Ainsi, la BCE semble reprendre lentement mais sûrement conscience de sa tâche principale : le maintien de la stabilité des prix.

En tout état de cause, la première hausse des taux d’intérêt n’interviendra probablement pas avant le second semestre de cette année. Le marché monétaire s’attend à une hausse des taux en septembre, les économistes ne la prévoient pas avant décembre.

Néanmoins, les investisseurs et les économistes écouteront chaque mot que Lagarde prononcera ce jeudi. Une hausse des taux n’est peut-être pas pour demain, mais la présidente est susceptible de donner quelques détails supplémentaires sur ce à quoi nous pouvons nous attendre dans les mois à venir.

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