La Banque mondiale a de nouveau revu à la baisse ses prévisions de croissance pour la Chine. D’autres pays sont involontairement entraînés dans sa chute.
Les perspectives économiques de l’Asie sont en berne : les pires depuis un demi-siècle, selon la Banque mondiale

Pourquoi est-ce important ?
Les problèmes économiques de la Chine (faible croissance, faible inflation, voire déflation, secteur immobilier malade...) sont de plus en plus évidents. Lorsque la plus grande économie d'Asie est dans le bourbier, ses partenaires sont également confrontés à des problèmes.Dans l’actualité : La Banque mondiale revoit à la baisse les perspectives de croissance de la Chine pour 2024.
En avril, la croissance de la Chine en 2024 était encore estimée à 4,8 %. Juste en dessous du seuil de 5 % que vise habituellement la Chine. Elle est aujourd’hui réduite à 4,4 %. Et une récente enquête auprès de plus de 1.000 entreprises montre que la confiance en une reprise solide est très faible.
- Dans le même temps, les perspectives d’autres pays d’Asie du Sud-Est ont également été revues à la baisse. Il s’agit notamment des Philippines, de la Thaïlande et du Viêt Nam.
- Le continent connaît son taux de croissance le plus bas depuis les années 1960, si l’on exclut les différentes crises.
- Cette situation n’en est pas moins surprenante. Aaditya Mattoo, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Asie de l’Est et le Pacifique, a déclaré au Financial Times que l’on pensait que « le rebond de la Chine après le contrôle strict de la pandémie serait plus durable et plus important qu’il ne l’a été ».
- La Chine semble maintenant devoir faire face à une baisse des ventes au détail (inférieures à celles d’avant la pandémie), une crise immobilière difficile à maîtriser, une augmentation de la dette et un manque d’investissement étranger.
Objectif
- Selon Mattoo, ce dont la Chine a besoin aujourd’hui, c’est d’une réforme en profondeur du secteur des services. Il s’agit d’une branche de l’économie que le pays a trop négligée en se concentrant sur la croissance par l’immobilier et l’investissement.
- Une partie du problème se situe au-delà des frontières de la Chine, voire de l’Asie. La demande mondiale de produits d’exportation de la région s’est effondrée. En Chine, les exportations ont baissé de 10 % par rapport au deuxième trimestre 2022. En Indonésie et en Malaisie, la baisse est même de 20 %.
- La région, et plus spécifiquement la Chine, a été la cible notamment de l’Inflation Reduction Act américain et du Chips and Science Act. Il s’agit respectivement d’une série d’investissements dans le secteur de l’énergie verte et d’un embargo sur les technologies (puces) les plus avancées et les connaissances.
- Avec l’Inflation Reduction Act, une grande partie de la production a été rapatriée aux États-Unis. Les pays d’Asie du Sud-Est ont vu leur contribution à cette chaîne d’approvisionnement, et donc leurs exportations, se tarir.
« Injuste »
- Selon la Banque mondiale, la baisse des perspectives de croissance est un effet direct de la politique de Joe Biden.
- Auparavant, les tensions entre les États-Unis et la Chine permettaient à cette dernière de continuer à exporter beaucoup en Asie, au bénéfice des pays de la région. Aujourd’hui, cette partie du commerce se déplace également vers d’autres régions.
- Contrairement à l’Asie du Sud-Est, les voisins des États-Unis, le Canada et le Mexique, ne sont pas soumis à des barrières commerciales. Par conséquent, les échanges entre eux n’ont pas été réduits.
- L’Indonésie a déjà émis des critiques. De nombreux minéraux du pays sont « injustement » exclus d’un ensemble de subventions américaines en faveur des technologies vertes. L’Indonésie possède le plus grand gisement de nickel au monde, essentiel à la fabrication de batteries pour les véhicules électriques. Le pays réclame un traitement similaire à celui du Mexique et du Canada.
- Les pays voisins voient le vent souffler sur la Chine. Le Viêt Nam souhaite également une approche personnalisée après que le pays et les États-Unis ont récemment renouvelé leurs relations commerciales. En avril, les prévisions de croissance économique pour le Viêt Nam en 2024 s’élevaient encore à 6,5 %. Cette prévision a été ramenée à 5,5 %.
(JM)