L’inflation dans la zone euro a atteint 8,6% en juin : encore un niveau record. Dans certains pays européens, la vie est même devenue plus de 20 % plus chère. La Banque centrale européenne (BCE) devrait relever ses taux d’intérêt de 25 points de base ce mois-ci. Mais cela sera-t-il suffisant ? L’autorité de régulation a attendu longtemps (peut-être trop longtemps) pour modifier les taux d’intérêt.
L’augmentation du coût de la vie n’est pas près de s’arrêter. Ces derniers mois, le taux d’inflation européen a battu des records à chaque fois et il n’en va pas autrement pour le mois de juin. Le coût de la vie a augmenté de 8,6 % (en glissement annuel) au cours de ce premier mois d’été, contre une dépréciation monétaire de 8,1 % en mai. Les économistes avaient prévu un taux d’inflation de 8,5 %.
Les états membres dont l’inflation est supérieure à 10 %
Aucun pays de la zone euro n’a échappé à la hausse des prix. Les chiffres d’Eurostat montrent que neuf des dix-neuf pays de l’union monétaire sont confrontés à un taux d’inflation d’au moins 10 %. Ces pays sont :
- Estonie : 22 %.
- Lituanie : 20,5 %.
- Lettonie : 19 %.
- Slovaquie : 12,5%.
- Grèce : 12 %.
- Slovénie : 10,8 %.
- Belgique : 10,5 %.
- Luxembourg : 10,3 %.
- Espagne : 10 %.
Note importante : Eurostat travaille avec un taux d’inflation harmonisé afin de pouvoir comparer tous les pays de la zone euro. La méthode de calcul peut donc différer de celle utilisée dans les pays eux-mêmes. Par exemple, selon l’office statistique Statbel, l’inflation belge s’est élevée à 9,65 % en juin, ce qui est inférieur au chiffre européen.
Les gouvernements européens ont déjà pris plusieurs mesures pour protéger le pouvoir d’achat des familles, comme la réduction de la TVA sur le gaz et l’électricité dans notre pays, mais après les milliards d’euros de mesures de soutien pendant la pandémie, leur marge de manœuvre est maintenant plutôt limitée.
La pression sur la BCE augmente
Les banques centrales tentent de maîtriser l’inflation en augmentant les taux d’intérêt, mais sans résultat pour l’instant. La BCE est l’une des exceptions. Cette banque centrale n’interviendra pas avant ce mois-ci, avec une augmentation des taux d’intérêt de 25 points de base. C’est ce qu’a encore confirmé Christine Lagarde, présidente de la BCE, lors du forum d’été du superviseur dans la ville portugaise de Sintra.
Lagarde et son équipe visent un taux d’inflation de 2 % (à moyen terme). C’est plus de quatre fois moins que le taux d’inflation actuel. Cela soulève la question de savoir si une augmentation de 25 points de base des taux d’intérêt sera suffisante pour freiner la dépréciation monétaire. La Réserve fédérale américaine, par exemple, a annoncé une augmentation de 75 points de base en juin.
Augmentation plus rapide des taux en septembre
La probabilité que la BCE opte pour une hausse des taux de 50 points de base en septembre augmente en raison du taux d’inflation élevé. Mme Lagarde est favorable à des augmentations progressives, mais elle a déjà indiqué qu’elle était prête à tirer le frein à main plus tôt si nécessaire. « Par exemple, lorsque nous constatons que les anticipations d’inflation se découplent de l’inflation elle-même ou en cas de perturbation économique excessive de la disponibilité des matières premières. Dans une telle situation, nous devrions réexaminer plus rapidement nos politiques accommodantes », a-t-elle estimé au forum d’été.
Lagarde peut encore relever la barre de l’inflation sous-jacente. Il s’est établi à 3,7 pour cent en juin, contre 4,1 pour cent en mai. « Une légère baisse de l’inflation de base apportera un certain soulagement aux décideurs de la BCE, mais nous pensons que les préoccupations à court terme continueront à avoir le plus grand impact sur la prise de décision dans les mois à venir », a noté Maeva Cousin, économiste chez Bloomberg.