Un don généreux de la fondation espagnole du patron de Zara, Amancio Ortega, a soulevé une importante polémique en Espagne. Amancio Ortega, fils d’un cheminot, est parti à l’âge de 14 ans à La Corogne en Galice – le centre de l’industrie du textile espagnole – où il a travaillé comme coursier pour plusieurs enseignes de la mode. En 1963, il a créé sa propre affaire de fabrication et de vente de peignoirs, et douze ans plus tard, il a fondé Zara.La société holding du géant mondial du prêt-à-porter (Zara, Pull&Bear, Massimo Dutti,…) qu’il a fondé, Inditex, emploie aujourd’hui plus de 14 000 personnes. Ortega en possède 59.29% des actions.Amancio Ortega a connu une enfance relativement pauvre, mais selon le Bloomberg Billionaires Index, il est devenu le troisième homme le plus riche du monde, et à côté de son empire du prêt-à porter, il a aussi développé un portefeuille immobilier évalué comme étant l’un des plus importants du monde.Ortega a fait don de 320 millions d’euros aux hôpitaux publics d’Espagne et une condition : que l’argent soit utilisé pour faire de nouvelles recherches pour lutter contre le cancer.Mais ce geste n’a pas été bien perçu dans la péninsule ibérique et on ne le remercie pas.
« Payez plutôt vos impôts, comme nous devons le faire »
Dans un communiqué, l’Asociación para la Defensa de la Sanidad Pública de Aragón témoigne de son embarras avec le don de 10 millions d’euros qu’elle a reçu, appelant les autres régions à refuser cet argent :
«Nous n’avons pas à accepter ni à remercier la générosité, l’altruisme ou la charité de qui que ce soit. »
Des commentaires similaires sont venus d’autres associations de la santé en Galice, au Pays Basque et aux îles Canaries.« Derrière chaque don se cache un objectif », a affirmé Manuel Martin , le président de la Fédération des associations pour la défense des services de santé publique (FADSP).
« Les dons provoquent des inégalités. Nous avons un système de redistribution qui fonctionne ».
Il accuse Ortega de faire l’optimisation fiscale pour payer moins d’impôts, son don correspondrait à 0,48% de ses actifs.
« Une aumône pour un pays du tiers monde »
Bien évidemment, des politiciens se sont empressés de réagir. Pablo Iglesias, dirigeant du parti d’extrême-gauche Podemos, estime que son pays ne devrait recevoir de cadeaux de personne :
« Nous sommes un pays sérieux. Cette aumône cadrerait mieux avec un pays du tiers monde ».
L’Association espagnole des oncologues et radiothérapeutes (SEOR) voit les choses différemment, comme l’Association espagnole contre le cancer (AECC). Et les patients. Tous pensent que ces dons sont les bienvenus et soulignent le manque d’équipements, et leur obsolescence.Ortega lui-même – un homme réputé pour être taciturne – a fait ce que l’on pouvait attendre de lui. Il n’a rien dit.