Des chercheurs britanniques ont analysé les restes de 35 corps enfouis dans un tumulus vieux de 5 700 ans. Et l’ADN révèle que 27 d’entre eux sont apparentés, formant une large famille sur cinq générations.
Les découvertes archéologiques constituent toujours des fenêtres par lesquelles on peut contempler quelques bribes du passé de nos ancêtres, mais, dans ce cas-là, c’est une véritable véranda qu’ont pu ouvrir des chercheurs britanniques. Et elle nous révèle quelque chose de particulièrement émouvant : elle a retracé l’histoire d’une famille élargie sur cinq générations.
27 personnes d’une même famille élargie
Une équipe de chercheurs a examiné les os et les dents de 35 personnes dans l’une des tombes néolithiques les mieux conservées de Grande-Bretagne, près du village de Hazleton dans les Cotswolds. Ce tumulus datant du début du néolithique européen, il y a 5 700 ans, abrite les corps de 35 des premiers agriculteurs qui ont peuplé ce que nous appelons aujourd’hui l’archipel britannique. Or, les analyses génétiques ont démontré que 27 d’entre eux au moins étaient apparentés au sein d’une très large famille, qui s’étend sur cinq générations, soit une période d’environ 120 ou 130 ans durant laquelle la tombe était utilisée pour accueillir des gens perçus comme liés entre eux.
De quoi éclairer un peu plus la vie quotidienne et le rapport à l’hérédité d’une société qui remonte à 3 700 ou 3 600 ans avant notre ère. D’autant plus que la majorité des défunts descendait de quatre femmes qui avaient toutes eu des enfants avec le même homme.
Polygamie et familles recomposées ?
« Cela nous indique que la descendance était considérée comme importante », insiste le docteur Chris Fowler de l’Université de Newcastle. « Quand ils construisaient ces tombes et décidaient qui y mettre, ils sélectionnaient certainement des gens qui étaient des parents proches des personnes qui ont été enterrées là en premier. Ils ont ce lien étroit avec leurs ancêtres immédiats et cela s’étend sur plusieurs générations. La famille était importante et vous pouvez le voir aussi avec l’inclusion de quelques très jeunes enfants dans la tombe. »
La tombe, connue sous le nom de Hazleton North long cairn, est divisée en deux zones chambrées en forme de L et les recherches montrent également que les morts étaient enterrés en fonction des femmes dont ils descendaient. Cela montre, conclut l’étude citée par The Guardian, « que ces femmes de première génération étaient socialement importantes dans les mémoires de cette communauté. »
Faire connaissance avec les familles du néolithique
L’analyse génétique permet également aux chercheurs de mettre en évidence que des personnes que nous considérions comme des beaux-fils étaient inclus dans le lignage, ce qui démontre que le familles recomposées n’ont rien d’une idée moderne.
Ron Pinhasi, de l’Université de Vienne, qui a participé à l’étude, rappelle « qu’il était difficile d’imaginer, il y a quelques années seulement, que nous allions un jour connaître les structures de parenté néolithiques. Mais ce n’est qu’un début et il ne fait aucun doute qu’il y a beaucoup plus à découvrir sur d’autres sites en Grande-Bretagne, en France atlantique et dans d’autres régions. » Et le génie génétique nous réserve ans doute encore bien des surprises.