Il devient de plus en plus évident que les taux d’intérêt ne baisseront pas immédiatement. Les investisseurs s’adaptent à cette nouvelle réalité. Ceux qui détiennent encore des obligations à faible taux d’intérêt s’en débarrassent.
Les obligations sont mortes, vive les obligations : des taux d’intérêt plus élevés redistribuent le capital sur les marchés

Pourquoi est-ce important ?
Les taux d'intérêt à court terme s'ajustent relativement rapidement aux fluctuations des taux d'intérêt décidés par les banques centrales. Pour les obligations à plus long terme, comme 10 ou 30 ans, cette adaptation prend plus de temps. Mais les investisseurs commencent à comprendre qu'un taux d'intérêt proche de zéro n'est pas pour demain.Dans l’actualité : la vente massive d’obligations.
Le taux d’intérêt d’une obligation d’État américain à 30 ans a augmenté de 4,93 %. C’est le taux le plus élevé depuis 2007.
- Les États-Unis ne sont pas les seuls dans ce cas. Le taux d’intérêt d’une obligation allemande, également à 30 ans, grimpe à 3,184 %. C’est le niveau le plus élevé depuis 2011, souligne le Financial Times.
- Les obligations allemandes ont toujours été considérées comme un bon indicateur en Europe. L’Allemagne possède l’économie la plus importante et, pendant longtemps, l’une des plus saines. Le gouvernement allemand paiera toujours ses factures, de sorte que le taux d’intérêt donne une idée juste du rendement que l’on devrait obtenir sur le capital, sans prendre de risque.
- En Italie, les taux d’intérêt grimpent à 5,44 %. L’Italie est également un pays de l’euro, sous la juridiction de la BCE. Les banques et les gouvernements italiens sont donc soumis au même taux d’intérêt que l’Allemagne, mais comme l’Italie est considérée comme un pays économiquement plus faible, le taux d’intérêt, lié au risque, est plus élevé.
- Au Royaume-Uni, idem : le taux d’intérêt sur une obligation à 30 ans est de 5,07 % à l’heure où nous écrivons ces lignes.
Des taux plus élevés pendant plus longtemps
Après la dernière réunion de septembre de la Réserve fédérale (Fed), la banque centrale américaine, les ventes d’obligations se sont intensifiées. Jerome Powell, président de la Fed, a clairement indiqué que les taux d’intérêt devraient rester élevés pendant un certain temps encore.
- Les investisseurs font le calcul. La rémunération pour le prêt de capitaux augmente. Ceux qui ont acheté une autre obligation américaine à 30 ans avant la pandémie recevront un paiement de coupon de moins de 1 %. Ce paiement est insuffisant pour suivre l’inflation et le rendement réel de l’obligation devient négatif.
- L’effet est que les détenteurs d’obligations qui reçoivent ce faible taux les vendent en masse pour acheter de « nouvelles » obligations offrant un taux d’environ 5 %.
Impact sur les actions
Maintenant que les investisseurs réalisent qu’un rendement d’environ 5 % (sans tenir compte de l’inflation) est réalisable sans prendre de risque majeur, le marché boursier doit également s’adapter.
- La demande d’obligations augmente, ce qui rend les actions moins attrayantes. Par conséquent, les prix des actions ont chuté, tant aux États-Unis qu’en Europe.
- Les investisseurs attendent des actions un rendement supérieur à celui des obligations, car ils attendent également une rémunération pour le risque. Si le prix baisse pour une action identique, le rendement augmente.
Gênant pour les gouvernements
Pour les gouvernements qui ont besoin de capital, c’est un double problème.
- D’une part, les gouvernements (et les entreprises) doivent refinancer leurs coûts à des taux d’intérêt plus élevés. La Banque nationale de Belgique a calculé ce que cela coûterait au gouvernement : 1 milliard d’euros rien qu’en intérêts.
- L’autre piste, qui consiste à ne pas emprunter auprès des banques, mais directement auprès des citoyens, n’est pas plus attrayante. Le bon d’État (une obligation d’un an) a peut-être été un succès, mais il doit toujours être remboursé avec des intérêts. Et ces intérêts sont plus élevés que ceux offerts par les banques.
(JM)