Comment remettre de l’ordre dans les finances publiques belges ? Espérons que cette question sera abordée lors de la campagne pour les élections de 2024, car un rapport du département d’études de KBC confirme que la Belgique se heurtera à un mur si sa politique ne change pas.
Nulle part dans l’UE la dette publique ne menace d’augmenter aussi vite qu’en Belgique : « Un sévère assainissement est urgent »
Pourquoi est-ce important ?
La dette publique belge flirte avec la barre des 600 milliards d'euros et le taux d'endettement devrait atteindre cette année 106% du PIB, l'un des chiffres les plus élevés d'Europe. Encore plus inquiétant : sans intervention, la Belgique deviendra le pays de l'UE avec la plus forte augmentation du taux d'endettement entre 2022 et 2028, prévient Johan Van Gompel, économiste chez KBC.À la une : encore une nouvelle alarme concernant le mauvais état de nos finances publiques. Le département d’études de KBC a calculé, sur la base des données du FMI, que nulle part ailleurs dans l’UE le taux d’endettement n’augmenterait aussi rapidement qu’en Belgique. Si la politique reste inchangée, la Belgique se dirige vers un taux d’endettement de près de 120% du PIB en 2028, tandis que la moyenne de l’UE se dirige tout juste vers une baisse, à un peu plus de 80%.
Les explications : les apparences peuvent être trompeuses. Après un pic en 2020, le taux d’endettement belge a diminué en 2021 et 2022, mais cela s’explique principalement par un effet prix favorable :
- Le taux d’endettement est le rapport entre la dette et le produit intérieur brut. Or, le PIB (nominal) a fortement augmenté en 2021 et 2022 en raison de l’effet prix dû à la forte hausse de l’inflation.
- En raison du jeu du numérateur et du dénominateur, le taux d’endettement n’a cessé de baisser, même si la dette, exprimée en milliards d’euros, a encore augmenté en 2021. Mais la fête est presque terminée. Le taux d’endettement belge recommencera à augmenter à partir de cette année, prédit Van Gompel.
« Sévère assainissement »
Les conséquences : un assainissement douloureux semble inévitable à partir de 2024, estime l’économiste de KBC. Surtout si la Commission européenne prend des mesures strictes après la réforme annoncée des règles budgétaires.
- « Il semble que les nouvelles règles budgétaires européennes obligeront de toute façon la Belgique à entreprendre une restructuration difficile », annonce-t-il dans le rapport. « Pour la Belgique, les nouvelles règles impliqueraient une réduction substantielle d’environ 0,8% du PIB par an. »
- Cela représenterait 4,5 à 5 milliards d’euros par an que le prochain gouvernement devra économiser. « Pour que la restructuration nécessaire réussisse, il faudra plus de discipline budgétaire que par le passé », prévient Van Gompel.
(OD)