Nucléaire iranien: reprise des pourparlers avec les Etats-Unis, quel espoir pour une solution?

Les pourparlers entre l’Occident et l’Iran reprennent après cinq mois de silence, à Vienne. Depuis, un nouveau président est en fonction. L’enjeu, crucial, est de trouver une solution avant que l’Iran n’enrichisse de trop son uranium, que l’Occident interprète comme ressource pour une bombe atomique. Mais quels sont les espoirs pour y parvenir?

Retourner aux limites de production d’uranium fixées par l’accord, côté iranien, pour enlever les sanctions, côté américain. Voilà plus ou moins les cartes qui sont sur la table.

En 2015, un accord avait été établi dans ce but précisément. Limiter la production pour enlever des sanctions américaines. En 2018, Trump s’est retiré de l’accord et a imposé à nouveau des sanctions, poussant l’Iran à produire plus que les limites prévues en contestation. Mais désormais, c’est un nouveau président qui est à la tête des États-Unis et Joe Biden se montre plus enclin à enlever les sanctions si l’Iran revient à ses engagements.

La préoccupation de l’Occident est le programme d’uranium enrichi de l’Iran, où le pays a fait des avancées significatives, selon la BBC. Cet uranium peut servir dans une bombe nucléaire, notamment. Mais l’Iran prétend que le programme est pacifique. A cause des avancées dans ce programme, les diplomates occidentaux estiment que le temps est compté pour reprendre les négociations et trouver une solution, avant un point de non-retour.

Les discussions entre l’Iran et le Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA, plan d’action compréhensif commun), composé de la Chine, de la France, de la Russie, de l’Allemagne et du Royaume-Uni, avaient repris en avril déjà, à Vienne. Entre les Etats-Unis et l’Iran, un accord sur les mesures à prendre par les deux pays avait même été « largement complété », avant les élections iraniennes en juin dernier. Les deux parties semblaient alors confiantes pour trouver un accord.

Un président moins modéré que son prédécesseur

Depuis, un nouveau président est en fonction, Ebrahim Raïssi, plus dur et plus critique envers l’Occident que son prédécesseur Hassan Rouhani. Avant son entrée en fonction, il avait promis de ne plus laisser durer les négociations trop longtemps. Il promet également que les négociateurs de la République islamique ne reculeront « d’aucune façon » pour défendre leurs intérêts.

Le nouveau dirigeant a alors « trainé des pieds », estime l’analyste et correspondant diplomatique de la BBC, James Landale. Le nouveau gouvernement a mis presque six mois pour se rendre à la table des négociations. La question cruciale que se pose l’Occident est sur la volonté de l’Iran : le pays est-il ouvert à reprendre les négociations et à trouver des compromis, ou va-t-il prolonger les négociations pour gagner du temps et ainsi continuer à enrichir son uranium? L’analyste estime qu’il n’y a pas beaucoup d’optimisme au vu de ces pourparlers.

Arrêter les sanctions

L’Iran pose ses cartes sur la table. Le ministère des Affaires étrangères souhaite que les Etats-Unis admettent leur culpabilité, que les sanctions qui ont lourdement touché l’économie soient immédiatement levées, et qu’une garantie soit établie pour qu’un président américain ne puisse plus se rétracter unilatéralement de l’accord. Selon l’analyste de la BBC, l’Iran ne voudrait pas parler de ses activités nucléaires, mais juste demander ces éléments.

Le responsable américain pour l’Iran, Robert Malley, répond que les Etats-Unis sont prêts à prendre toutes les mesures nécessaires pour revenir à l’accord, notamment l’abandon les sanctions de Trump. Mais il avertit en même temps que les négociations ne seront pas possibles à l’infini. Une fois que l’Iran est trop avancé dans son programme, toute négociation sera impossible.

Arrêter le programme nucléaire

Le souhait des Etats-Unis est que l’Iran arrête son programme d’enrichissement de l’uranium et de revenir au stade des négociations de juin. Sans arrêt du programme, « toutes les options sont sur la table », notamment des cyber-attaques ou attaques militaires, contre des infrastructures iraniennes, analyse James Landale.

Mais quel espoir existe pour que l’Iran suive? Depuis le retrait de Trump, l’Iran a outrepassé les régulations convenues. Le pays possède aujourd’hui beaucoup plus de stocks d’uranium que fixé, dont de l’uranium enrichi à 60% de pureté (non loin des 90% nécessaires pour la bombe atomique). Il a également ouvert plus de centrifugeuses que convenu et a repris l’enrichissement dans des centrales souterraines. Il a également entrepris des initiatives pour produire de l’uranium métallique enrichi, un matériau élémentaire pour construire la bombe atomique.

Ce que l’Occident critique avant toute chose, c’est que l’Iran laisse de moins en moins les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie nucléaire effectuer des contrôles, ce qui laisse douter de la bonne foi du pays sur l’utilisation uniquement industrielle et pacifique de l’uranium.

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