La Vivaldi doit trouver un accord budgétaire d’ici mardi prochain et le discours de rentrée de « l’État de l’Union » du Premier ministre, devant la Chambre. Les partenaires de la Vivaldi, surtout à gauche, se montrent très créatifs pour trouver de nouvelles recettes, c’est-à-dire, de nouvelles taxes. Mais on entend très peu de monde sur les efforts à réaliser au niveau des dépenses.
Dans l’actu : le conclave budgétaire de ce weekend ne s’annonce finalement pas si simple.
- Le gouvernement flamand n’y avait même pas pensé, le gouvernement wallon d’Elio Di Rupo (PS) avait promis de ne pas le faire, mais le gouvernement fédéral envisage sérieusement d’instaurer de nouvelles taxes.
- Selon les sources, entre 830 millions (du côté gauche du gouvernement) et 1,2 milliard (du côté droit) doivent être trouvés lors de l’exercice budgétaire. La règle est toujours la même: un tiers de réductions, un tiers de nouvelles taxes et tiers de mesures diverses. Il faut donc trouver entre 300 et 400 millions de nouveaux revenus.
- Une augmentation inévitable semble être la taxe sur les transactions financières, poussée tant par les socialistes que par les écologistes, afin de toucher davantage les grandes fortunes. Il est question de tripler ou de quadrupler la taxe sur les comptes-titres, ce qui pourrait rapporter 800 à 1,2 milliard d’euros, selon les socialistes. Mais on n’en arrivera pas à ce montant, si on respecte cette fameuse règle des trois tiers.
- Hier, la vice-première ministre de Groen, Petra De Sutter, a également proposé une nouvelle taxe sur les vols, faisant suite à celle de l’année dernière. Cette taxe avait déjà été introduite en 2022 pour les vols de courte distance, mais les Verts veulent maintenant l’augmenter considérablement, car elle est jusqu’à six fois inférieure à celle des pays voisins. Et elle ne rapporte pas assez.
- Sur Radio 1, De Sutter a évoqué un montant supplémentaire de 200 millions d’euros, alors que les recettes actuelles de cette taxe sont d’à peine plus de 20 millions. C’est moins que prévu, d’où la nécessité d’intervenir. Cela signifierait concrètement que les tarifs actuels, de 10 euros pour un vol de moins de 500 kilomètres et de 4 euros pour un vol long-courrier, devraient augmenter considérablement.
- Selon La Libre, qui a pu consulter un document confidentiel déposé par Groen sur la table du gouvernement, on parle d’une augmentation de 50 euros pour les vols de moins de 500 km, de 10 euros pour les vols intra-européens et 30 euros pour les vols extra-européens. Cela concerne la classe économique. Pour la classe Affaire et Première classe, il est question d’une augmentation de 100 à 500 euros pour les vols de moins de 500 km.
- Ce n’est pas tout : on discute également d’une taxe sur les emballages de fast-food, rapporte Le Soir. Cette taxe s’appuierait sur la « taxe sur les emballages » annoncée l’année dernière lors de la préparation du budget. Depuis 2004, la Belgique taxe davantage les emballages de boissons non réutilisables, ce qui rapporte plus de 300 millions d’euros par an.
- Mais l’année dernière, la coalition Vivaldi est allée plus loin, souhaitant taxer non seulement les emballages de boissons, mais aussi ceux des fast-foods. La taxe devait être « plus orientée vers la réutilisation, la recyclabilité et l’impact environnemental » pour tous les emballages. Cela aurait dû rapporter 60 millions en 2024, mais la mesure a été bloquée par des désaccords entre les vice-premiers ministres, Ecolo étant plus strict que les autres. Cette question doit donc être résolue, encore une fois.
- Il y a aussi un débat au sein de la Vivaldi sur qui peut revendiquer la paternité de la réduction de la TVA sur la démolition et la reconstruction à 6%. L’Open Vld a fait cette « proposition » le week-end dernier, mais le cd&v a réagi immédiatement, faisant savoir que c’étaient en réalité les libéraux qui étaient d’abord contre, avant de changer d’avis.
- Mais ce n’est pas la vision des Verts : « Quiconque est un tant soit peu honnête intellectuellement sait que nous demandons cela depuis bien plus longtemps et que ce sont le cd&v et l’Open Vld qui étaient d’abord contre. Mais nous sommes ravis de constater que notre mesure va maintenant être adoptée », réagit-on du côté des Verts.
- Les écologistes ont également à l’œil les taxes sur le diesel professionnel, qui bénéficie actuellement d’un taux réduit. La question est de savoir si c’est encore viable, étant donné que le gouvernement subventionne en fait les combustibles fossiles, de par la réduction de la TVA sur le gaz.
- Il y a enfin le débat sur les banques. Les socialistes et les écologistes veulent instaurer une « taxe sur les profits exceptionnels » pour ponctionner les grands bénéfices du secteur financier. Mais au cd&v, ils veulent que Vincent Van Peteghem (cd&v) continue à pousser pour un taux d’intérêt d’épargne plus élevé. La banque d’État Belfius a récemment augmenté le taux d’intérêt des livrets d’épargne à 2%. Le secteur échappera-t-il à de nouvelles taxes s’il augmente soudainement les taux d’intérêt pour les épargnants, suite à ce coup de pression ?
- En tout cas, ce florilège de nouvelles taxes n’a pas manqué d’être taclé par le MR qui fait la promesse récurrente (et veine) de ne pas instaurer de nouveaux impôts : David Clarinval a pris le relai de Georges-Louis Bouchez, qui se fait plus rare dans les médias et les réseaux sociaux ces derniers jours.
- « On constate immédiatement que la gauche propose une vingtaine de nouvelles taxes. Ils font toujours preuve de créativité en cette matière. Pour nous, il y a déjà trop de taxes, nous sommes un des pays les plus taxés d’Europe et du monde. »
- « Contrôlons nos dépenses avant de penser à taxer. C’est comme le budget d’un ménage, il faut d’abord réduire les dépenses avant de penser à augmenter les recettes. Aujourd’hui, on a 600 millions de dépenses primaires supplémentaires et un trou additionnel de 600 millions dans la sécurité sociale. »
- « Taxer les gens qui travaillent, les entreprises qui sont en difficulté et les gens qui épargnent, ce n’est pas acceptable. Nous voulons d’abord réduire les dépenses en ciblant l’inactivité. »
- « Il faut plus de contrôles pour diminuer les abus en matière de chômage ou d’invalidité, sans sanctionner les personnes qui sont vraiment malades bien sûr. »
- Le vice-premier ministre conclut habilement en invoquant le ministre socialiste de la Santé : « Le ministre Vandenbroucke (Vooruit) a déposé une stratégie ‘Terug naar Werk‘ sur la table du Gouvernement avec un contrôle par les mutuelles. Nous pourrions être plus stricts dans ces contrôles avec des délais plus courts pour débusquer les fraudes.
- On le voit, comme c’est de tradition à chaque conclave budgétaire, chaque parti met en avant sa carte de visite via une foule de propositions qui ne passeront pas le week-end. Mais à quelques mois des élections, cet exercice est d’autant plus important sur le plan de la communication. Plus fondamentalement, il reste du chemin à parcourir pour Alexander De Croo. Il doit trouver un compromis pour ramener le déficit budgétaire en dessous des 3%.