La Norvège va-t-elle renoncer à 65 milliards de dollars de pétrole ?

L’archipel norvégien des Lofoten recèle une réserve de pétrole d’environ 1,3 milliards de barils en attente d’exploitation. Si toutes ces réserves étaient exploitées de façon rentable, cette manne pourrait apporter 65 milliards de dollars de revenus supplémentaires à l’économie norvégienne (au prix courant). Mais dans le pays, tout le monde ne voit pas ce projet d’un très bon œil, note The Economist.

L’archipel norvégien des Lofoten recèle une réserve de pétrole d’environ 1,3 milliards de barils en attente d’exploitation. Si toutes ces réserves étaient exploitées de façon rentable, cette manne pourrait apporter 65 milliards de dollars de revenus supplémentaires à l’économie norvégienne (au prix courant). Mais dans le pays, tout le monde ne voit pas ce projet d’un très bon œil, note The Economist.

Des élections législatives doivent avoir lieu en Norvège en septembre, et les deux plus grands partis du pays, les travaillistes et les conservateurs, sont tous deux favorables à une levée du moratoire sur l’exploitation pétrolière dans l’archipel des Lofoten. Au cours des 15 dernières années, la production pétrolière norvégienne a en effet été réduite de moitié, et d’ici 2019, elle devrait encore baisser de 11 %. Le gouvernement lui-même souhaite que l’on exploite le pétrole des Lofoten.

Des raisons écologiques pour s’y opposer

Mais ce n’est pas gagné, d’autant que cette exploitation menacerait l’équilibre écologique de la région. Les Lofoten recèlent en effet le plus grand récif corallien d’eau froide du monde et la plus grande colonie d’oiseaux de mer d’Europe. Près de 70 % de toutes les espèces de poissons capturés dans les mers de Barents et de Norvège utilisent ces eaux comme une nurserie, et la présence de ces alevins fournit de la nourriture pour les phoques et les baleines.En outre, les environnementalistes observent que l’exploitation pétrolière des Lofoten est incompatible avec l’engagement de la Norvège de respecter les accords climatiques de Paris, compte tenu qu’il s’agit d’une énergie fossile.

Des raisons économiques pour s’y opposer

D’autres objections sont de nature économique. L’archipel des Lofoten est situé dans le cercle polaire arctique, et ses infrastructures sont peu développées. Cela signifie qu’il faudrait réaliser des investissements lourds difficilement amortissables dans les conditions actuelles, compte tenu de la faiblesse des cours du pétrole.En outre, le plus grand marché à l’exportation du pétrole norvégien n’est autre que l’Europe, qui tente elle-même de substituer les énergies renouvelables aux carburants fossiles.Par ailleurs, l’exploitation pétrolière pourrait aussi miner le tourisme. Les îles Lofoten sont en effet réputées pour leur beauté spectaculaire et elles attirent chaque année 1 million de touristes. Les plateformes qui seraient construites dans le cas du lancement d’une exploitation pétrolière seraient plus proches de la côte que les celles des champs exploités actuellement, souvent situées à des centaines de kilomètres au large. Cela signifie qu’elles seraient visibles du rivage, et qu’elles gâcheraient ces paysages renommés.Enfin un sondage publié ce mois-ci par le journal Dagbladet indique que près de la moitié des Norvégiens préfèrent que l’on renonce à cette exploitation pour limiter les émissions de carbone.Même si les 2 plus grands partis se préparent pour tenter de convaincre du bien-fondé de l’exploration pétrolière, il y a peu de chances qu’ils y parviennent.  Le parti des Verts a remporté un succès majeur lors des dernières élections locales à Oslo. Et bien entendu, lui aussi préfère que l’on laisse intactes les réserves de pétrole autour des Lofoten.

Plus