« La confiance arrive à pied mais part à cheval », dit l’expression. L’image de Tesla et d’Elon Musk, construite depuis de nombreuses années, a pris un grand coup depuis son achat de Twitter. C’est malheureux et inutile, mais c’est ce qui arrive quand quelqu’un se mêle de ce qu’il ne comprend pas.
Musk fait n’importe quoi. Il est absolument vrai que Twitter n’a jamais été aussi innovant : le réseau social n’avait pas bougé en 10 ans et aujourd’hui, il est de loin la plateforme de contenu la plus dynamique où les innovations se succèdent. Tout récemment, Elon Musk a donné son feu vert pour faire passer le contenu de 280 à 4.000 caractères. Mais le prix à payer pour être également le shérif de ce monstre médiatique, où des millions d’utilisateurs crachent quotidiennement leurs opinions, commence déjà à peser. Les signaux sont vraiment mauvais, surtout pour sa marque de voiture Tesla.
Le cours de l’action s’effondre
Bien sûr, l’action était surévaluée, mais le fait que Musk ait depuis vendu plus de 40
milliards de dollars en actions pour financer son achat de Twitter y a également contribué de manière substantielle.
Si l’on compare ensuite avec d’autres constructeurs automobiles, on constate que son action a encore perdu beaucoup de plumes en 2022.
Tesla commence à perdre des parts de marché
Il est logique que Tesla ne puisse continuer à dominer le marché des véhicules électriques. Mais ça fait toujours mal de le constater. Cela dit, il est vrai qu’aucune entreprise ne peut fabriquer des voitures électriques de manière aussi rentable que Tesla, mais cela n’empêche pas le reste de l’industrie de se réinventer. L’attention du grand patron est donc plus que jamais nécessaire. Mais aujourd’hui, ce dernier préfère s’occuper de « l’oiseau bleu ».
Le mouvement #neverTesla
Beaucoup de propriétaires de voitures ou d’acquéreurs potentiels ne lui pardonnent plus ses prises de position très controversées sur la politique ou sur les soins de santé. Son attaque personnelle contre Antoni Fauci a été la goutte de trop pour beaucoup.
Par conséquent, il existe un mouvement #neverTesla, qui prend de l’ampleur chaque jour. C’est vraiment la pire chose qui puisse arriver à une marque.
La statistique la plus inquiétante
- Cela se manifeste par la statistique cruciale suivante, à savoir l’intention des propriétaires actuels d’acheter une Tesla à nouveau. L’intention de rachat a toujours été d’environ 70%. Depuis quelques mois, elle commence à tomber à 60 % et est même inférieur à celui des autres marques de voitures, qui tourne autour de 65%.
Ce qui est particulièrement regrettable, c’est que de nombreux secteurs ont besoin d’être bousculés , comme ceux de l’énergie et de l’aviation. Un domaine dans lequel Musk est passé maître. Cet homme possède des qualités uniques pour amener le monde vers le « net zéro », mais il les applique maintenant à une entreprise qui ne repose sur aucun véritable modèle économique.
Mais Musk est en mission et pense pouvoir faire de Twitter le forum démocratique ultime, où chaque opinion compte. Seulement, il ne sera jamais capable d’être cohérent. Il peut se reposer sur l’Occident, où la liberté d’expression est sacro-sainte. En Asie et au Moyen-Orient par contre, cette opinion n’est pas si largement répandue. En fait, il mettrait la vie de Tesla en danger s’il autorisait qu’on exprime des critiques contre la Chine. Pas moins d’un quart des ventes de sa marque automobile proviennent de l’Empire du Milieu. Il reste regrettable qu’il déploie son énergie débordante dans une mission idéologique ingagnable.
Xavier Verellen est un auteur et un entrepreneur (www.qelviq.com)
MB