La Chine est assise sur des montagnes de dettes. Il y a celles de son secteur immobilier, qui vacille toujours au bord du gouffre, et puis il y a celles de ses entités territoriales publiques, qui tiraient une bonne part de leurs revenus de la vente de terrains. Maintenant, les villes font tout pour de l’argent frais, y compris fonder des sociétés-écrans pour emprunter, et assaillir les citoyens de taxes et d’amendes.
Une montagne de dettes qui continue de grandir : les gouvernement locaux chinois prêts à tout pour faire rentrer des liquidités

Pourquoi est-ce important ?
Il n'y a pas que les USA qui sont empêtrés dans des problèmes de budget qui trônent au milieu d'une immense pile de dettes publiques. La Chine est confrontée au même problème après avoir dépensé sans compter pour mettre en place ses mesures sanitaires les plus strictes, bien que son système de financement soit très différent. Ici, ce sont les localités qui se retrouvent avec des coffres vides. Jusqu'à ne plus pouvoir assurer certaines dépenses publiques.Des zoos sans le sou
L’économie chinoise n’est pas au beau fixe ; mais si les chiffres globaux ne sont pas aussi bons qu’espéré, c’est à l’échelle locale que l’inquiétude monte. Un nombre croissant de villes chinoises ne peut plus assurer certains services. Au risque de créer une réelle grogne sociale. La pire crainte de Pékin.
- C’est dans les zoos que le problème a été porté à l’attention du monde, a enquêté CNN. Dans de nombreuses villes, ceux-ci sont gratuits et fonctionnent grâce aux subsides publics, comme dans un bon régime communiste.
- Problème : les pouvoirs locaux ont dû dépenser des fortunes pour mettre en place les tests massifs et les confinements radicaux imposés par Pékin. Et comme l’économie, en particulier l’immobilier, est en berne, les caisses sont vides. Les animaux de certains zoos ne seraient plus nourris, tandis que les salaires du personnel se font attendre, parfois depuis des mois.
- Une situation qui a été révélée sur les réseaux sociaux – sans que CNN puisse toujours en vérifier la véracité – et qui a déclenché une vague de solidarité, avec dons de nourriture de la part des citoyens.
Tout argent est bon à prendre
Mais c’est l’arbre qui cache la forêt : Willy Lam, chercheur principal au think tank The Jamestown Foundation, estime que la dette cumulée des entités chinoises culmine entre 9 et 12 billions (milliers de milliards, donc) de dollars. Et ce, sans compter les dettes cachées créées par certains des expédients mis en place.
- Les villes chinoises créent des entités légales destinées à contourner les limites d’emprunt imposées par le gouvernement central.
- Certaines font preuve d’imagination dans les taxes et les amendes infligées à leurs citoyens. « Ils doivent saisir tous les moyens pour obtenir de l’argent : d’où les amendes sévères sur les restaurants et autres entreprises » prend pour exemple Willy Lam.
- Sur les réseaux, l’histoire d’un restaurant mis à l’amende pour avoir « servi du concombre râpé sur des nouilles froides sans licence » a fait couler beaucoup d’encre. Et de nombreux camionneurs se plaignent de balances qui semblent très régulièrement leur pointer un excès de chargement – avec amende à la clef.
- Au moins 15 villes chinoises ont signalé une augmentation de 100 % ou plus des revenus générés par les amendes et les confiscations en 2021, selon une analyse de Yuekai Securities. De quoi faire monter la tension sociale en Chine ? Difficile à dire, mais c’est une des plus grandes peurs de Pékin, habituellement.
La faute (entre autres) à l’immobilier
Le (relatif) marasme économique chinois n’a fait qu’aggraver une situation qui aurait dû être passagère. La nouvelle crise de l’immobilier qui semble se profiler, avec plusieurs grands promoteurs à nouveau en difficulté, est la goutte d’eau qui fait déborder le puits de la dette.
- Les localités chinoises tiraient une part conséquente de leurs revenus des ventes de terrains aux grands promoteurs. Une manne qui s’est quasi entièrement envolée, alors que le secteur croule, lui aussi, sous des dettes faramineuses.
- Après Evergrande et Country Garden, c’est au tour de Sunac, autrefois troisième promoteur immobilier de Chine, d’être en difficulté. L’entreprise vient de déposer son bilan cette semaine.