Le gouvernement français présentera un grand plan cet été pour pousser la France et les Français à consommer moins d’énergie, en vue de passer un hiver au chaud. Éclairage, chauffage, transport, grandes surfaces. Le plan de bataille se met en place.
Les plans d’économie d’énergie ne sont certainement pas quelque chose de neuf. À chaque choc énergétique, sa campagne de sensibilisation pour moins consommer. C’était notamment le cas lors des chocs pétroliers des années 70.
État, entreprises et ménages, chacun est amené à faire des efforts pour limiter sa consommation d’énergie. La faute à l’inflation et à la guerre en Ukraine. L’Occident a décidé de répondre unilatéralement à la Russie par des sanctions. Le pétrole russe sera définitivement banni à la fin de l’année, le gaz sera diminué de deux tiers, selon les plans. Mais dès aujourd’hui, l’Europe craint que Poutine ne coupe les vannes du gaz, même s’il s’agit là sans doute de son dernier atout pour éviter des sanctions supplémentaires.
Du côté de l’Europe, il s’agit donc clairement d’un choix politique qui n’est pas sans conséquence. Comme chacun le sait, soutenir l’Ukraine a un prix, qu’il advient à tous d’assumer. Les plans se mettent en place un peu partout pour préparer le terrain et les mentalités.
Le gouvernement français vise une réduction de 10% de toute l’énergie consommée en 2019, étalée sur deux ans. Pour y arriver, plusieurs mesures sont sur la table et s’inspirent des recommandations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et de la Commission européenne.
Transport :
- 3 jours de télétravail obligatoire par semaine (500.000 barils par jour).
- Covoiturage obligatoire (470.000 barils par jour)
- Limitation à 110 km/heure sur autoroute (430.000 barils).
Éclairage :
- Extinction des enseignes et des publicités en pleine nuit.
- Extinction de l’éclairage nocturne des communes.
Chauffage :
- Limitation d’utilisation du chauffage s’il fait plus 19 degrés.
- Limitation d’utilisation de la climatisation s’il fait moins de 26 degrés.
Certains secteurs ont déjà pris les devants comme la grande distribution. Tous les grands acteurs appliqueront des mesures communes, comme l’arrêt de l’éclairage directement après la fermeture. Jusqu’alors, l’éclairage demeurait pendant 1 heure supplémentaire. Idem avant l’ouverture en réduisant de moitié l’intensité lumineuse et de 30% « pendant des périodes critiques de consommation ». L’air ne sera plus renouvelé la nuit, la production de glace sera décalée et il est envisagé une température de 17 degrés dans les points de vente.
Allemagne et Belgique
L’Allemagne, en première ligne de par sa dépendance au gaz russe, a déjà largement prévenu la population et prépare son industrie à un rationnement cet hiver. Outre les mesures précitées, les piscines municipales seront moins chauffées, et il sera aussi interdit de chauffer les locaux au-delà de 20 °C, l’hiver, dans les bâtiments publics et les espaces de travail. La population est aussi poussée à prendre des douches plus courtes et plus froides.
En Belgique, la ministre de l’Énergie, Tinne Van Der Straeten (Groen), s’est montrée très optimiste quant à notre sécurité d’approvisionnement. Il est vrai qu’on dépend peu du pétrole et surtout du gaz russe. Toutefois, dans une Europe interconnectée, une Allemagne en difficulté poussera certainement les prix à la hausse partout sur le continent. Mais la très grande majorité de notre gaz vient de Norvège et du Royaume-Uni. En outre, nous possédons à Zeebruges de terminaux GNL très performants.
Pour l’électricité, outre les deux réacteurs nucléaires – Tihange 3 et Doel 4 – qui seront prolongés pour 10 ans, Tihange 2, qui devait fermer l’hiver prochain, sera maintenu ouvert, du moins si Engie l’autorise. La prolongation de Doel 3, qui doit fermer en septembre prochain, semble, elle, exclue.
Enfin, le gouvernement compte également sur les Belges pour participer à l’effort de guerre. On parle plutôt de « campagnes de sensibilisation » que de mesures contraignantes.
La Belgique se dit prête en tout cas à aider ses voisins, à commencer par l’Allemagne et la France, car on importe beaucoup plus de gaz qu’on en a besoin. Pour l’électricité, on sait que près de la moitié du parc nucléaire français est actuellement à l’arrêt. Nos quelques centrales nucléaires pourront faire l’appoint à la marge.