Mauvaise nouvelle pour les navires qui voyagent en incognito: les satellites de cette start-up les traquent de près

Des navires peuvent voyager en mer, en cachant leur cargaison, souvent pour écouler une marchandise douteuse ou pratiquer une activité illégale. Il est difficile de les suivre, mais une start-up française place des satellites en orbite, qui offre un suivi bien plus précis.

Des pétroliers ayant chargé du pétrole russe disparaissent mystérieusement en mer, avant de réapparaître en mode incognito, espérant pouvoir vendre leur cargaison – conspuée ou sanctionnée – en brouillant les pistes. D’autres encore disparaissent en mer, pour pêcher dans des zones interdites, pour cacher la cargaison illégale qu’ils transportent, comme de la drogue, ou pour nettoyer leur cuve et déverser les résidus dans l’eau.

Qu’ont ces éléments en commun? Dans ces exemples, les bateaux éteignent leur transpondeur, aussi appelé AIS (système d’identification automatique), ustensile le plus utilisé dans la navigation, qui transmet leur position géographique. Ils ne sont alors plus visibles sur les différents systèmes de cartes. Ces navires voyageant en incognito sont également appelés « dark ships ».

S’ils peuvent tromper les autorités côtières ou portuaires avec ce type de manège, ils ne peuvent pas déjouer le regard d’en haut, depuis l’espace. Une start-up française, du nom d’Unseenlabs (traduisible en « les laboratoires du non vu »), s’est donné pour mission de traquer ces navires. Créée en 2015, elle a lancé son septième satellite ce mardi, après un sixième début avril. Entre 20 et 25 appareils devraient circuler dans le ciel d’ici 2025, rapporte BFM Business. D’ici la fin de l’année, une dizaine de satellites devraient se trouver en orbite, si les lanceurs sont disponibles.

Suivi précis

Ces satellites captent les signaux de radiofréquence des navires et leur attribuent une signature électromagnétique unique, explique Clément Galic, président de la start-up. Dès que le navire branche son transpondeur, ne serait-ce qu’un court instant – celui-ci n’étant jamais coupé sur tout le trajet – le satellite reçoit cette signature. Leur trajectoire peut donc ainsi être suivie.

Les satellites sont très précis et peuvent localiser un bateau avec une précision d’un à 5 kilomètres près. Ils donnent une « vision exhaustive d’une très large zone, 100 à 1.000 fois plus grande qu’un satellite optique », continue Galic. Aujourd’hui déjà, les sept satellites en orbite peuvent observer le globe entier, mais avec plus d’appareils, il sera possible de mieux observer les zones d’intérêt. Les satellites optiques ou radars peuvent y être affectés et les satellites d’Unseenlabs, pouvant ratisser plus large, peuvent observer d’autres zones.

Une telle technologie ne tombe bien sûr pas dans l’oreille d’un sourd. La défense française a déjà montré de l’intérêt et y investit depuis 2018.

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