Ce dimanche, une majorité des Français s’est rendue aux urnes pour élire leur président et leur choix s’est porté vers le candidat de la République En Marche, Emmanuel Macron. Celui qui occupait déjà ce poste depuis 5 ans a obtenu 58,6% des voix, alors que son adversaire à la présidence française, Marine Le Pen, n’en a obtenu « que » 41,4%. Une défaite, certes, mais qui a des relents de victoire pour cette figure de l’extrême droite.
Pour la troisième fois, les portes de l’Élysée sont restées closes pour Marine Le Pen. La candidate du Rassemblement national n’est pas parvenue à convaincre suffisamment de Français de voter pour elle ni pour les idées qu’elle défend. Mais tout n’est pas à oublier dans ce second tour, car Marine Le Pen a enregistré un score historique pour un parti d’extrême droite.
Un résultat historique
Il y a cinq ans, lors du premier duel Macron-Le Pen, la représentante du Rassemblent national (RN) avait obtenu 33,9% des voix. Un résultat qui impressionnait déjà. Les 41,4% de cette année, vingt ans après la percée de son père, Jean-Marie Le Pen, au second tour des élections avec 17,79% des voix, secouent d’autant plus. Emmanuel Macron doit en partie sa réélection au vote barrage, car il semblerait que les idées de Marine Le Pen séduisent de plus en plus de monde. On note cependant une abstention plus importante qu’il y a 5 ans, avec 28%.
Dans cinq territoires d’Outre-mer, la candidate du RN a été en tête, récoltant plus de 50% des voix. En Guadeloupe, elle a remporté 69,60% des suffrages. Elle s’est également fortement démarquée auprès des ouvriers (67%) et des employés (57%), alors que son opposant a davantage séduit les cadres (77%) et les retraités (68%). Marine Le Pen a été plus populaire chez les 50-59 ans qu’Emmanuel Macron et à presque égalité chez les 25-59 ans.
Si la candidate d’extrême droite n’a pas remporté l’élection, elle peut se féliciter des résultats. « Des millions de nos compatriotes nous ont choisis et le changement. Nous sommes plus déterminés que jamais et notre volonté de défendre le peuple français est plus forte que jamais. Cette défaite est en soi une forme d’espoir », a-t-elle déclaré à ses partisans.
Regard tourné vers les législatives
Pour le porte-parole de Mme Le Pen, les résultats parlent d’eux-mêmes, le « plafond de verre » qui se dressait sur son chemin vers la présidence n’est plus. La stratégie de la candidate d’adoucir son discours semble avoir payé. Elle a en effet pris ses distances avec certaines de ses idées les plus extrêmes, dont son fameux projet de quitter l’Union européenne – le Frexit –, son soutien à la peine de mort ou encore son projet d’interdire la double nationalité, bien qu’elle ait conservé sa position résolument anti-immigration.
« Je poursuivrai mon engagement envers la France et les Français. Ce n’est pas fini. Dans quelques semaines, nous avons les élections législatives« , a déclaré la représentante du RN. Alors que sa défaite venait à peine d’être annoncée, Marine Le Pen portait déjà son attention vers l’avenir.
« Nous lançons ce soir la grande bataille électorale des législatives. Je mènerai cette bataille aux côtés de Jordan Bardella, avec tous ceux qui ont eu le courage de s’opposer à Emmanuel Macron au second tour, avec tous ceux qui ont la France chevillée au corps », s’est exprimé la représentante du RN, bien décidée à tenir tête à Emmanuel Macron.
Les 12 et 19 juin prochain aura lieu le « troisième tour » des élections. Les Français devront à nouveau se rendre aux urnes pour choisir leurs députés à l’occasion des élections législatives.
Une quatrième tentative pour Marine Le Pen ?
Son engouement pour ce troisième tour pose question, Marine Le Pen va-t-elle passer le flambeau ? Celle qui s’est récemment découvert une passion pour les chats avait indiqué le mois dernier qu’elle ne se représenterait plus à la présidence française. Or, à la suite de sa défaite, la représentante du RN a fait la promesse de poursuivre son combat et de « ne jamais abandonner la France ». Doit-on en déduire qu’elle ne renoncera finalement pas à ses ambitions présidentielles ? C’est fort possible.
Les résultats des futures législatives pourraient peser lourd dans sa décision. Qu’elle décide ou non de mettre fin à ses ambitions présidentielles, son parti devrait faire face à des tensions en interne. Les candidats pour lui succéder sont nombreux et tous se préparent déjà à cette tâche, d’autant plus après les très bons résultats du pari au second tour.
Mais cette « victoire » pourrait cependant être de courte durée si Marine Le Pen venait finalement à faire un pas de côté. « Même si Marine Le Pen n’est pas douée pour faire campagne, elle est très douée pour organiser son parti. Sa force a été de maintenir un front uni en son sein. Le risque est que cela se fracture sans elle », estime Antoine Bristielle, directeur de l’Observatoire de l’opinion à la Fondation Jean-Jaurès de gauche.