Malgré les promesses de relocalisation, la Chine reste l’usine du monde: les investissements étrangers explosent à nouveau

La Chine attire à nouveau massivement les investissements étrangers, qu’ils soient américains ou européens. L’Empire du Milieu reste ainsi incontournable pour les chaines d’approvisionnement mondiales, en dépit des efforts d’autres pays asiatiques pour se positionner en concurrents. Mais l’inconnue reste la capacité du pays à produire malgré les confinements massifs à répétition.

Le début de la pandémie de coronavirus avait enclenché les prémisses d’un mouvement de relocalisation des chaînes de production basées en Chine. De nombreux pays qui se sont retrouvés bien démunis en produits de première nécessité – y compris dans le secteur médical – se sont jurés de rapatrier les usines nécessaires au sein de leurs propres frontières. Du côté des multinationales, quitter la Chine était déjà dans l’air, autant pour des questions d’images (le pays étant accusé de soumettre la minorité des Ouïghours au travail forcé) que par peur de l’aspect volontiers ultra-centralisateur et répressif du régime de Pékin. Le Vietnam semblait bien parti pour rafler la mise et devenir le grand concurrent du géant chinois. Mais dans les faits, le grand bond hors de Chine n’aura pas lieu.

Les Allemands investissent 80% de plus qu’en 2021

Pour les quatre premiers mois de l’année, les investissements directs étrangers en Chine ont augmenté de 26,1% en glissement annuel pour atteindre 74,47 milliards de dollars, a annoncé jeudi le ministère chinois du Commerce. Durant cette période, les investissements en provenance d’Allemagne ont bondi de 80,4 %, tandis que ceux des États-Unis ont augmenté de 53,2 %, détaille CNBC.

« Il est très difficile d’égaler l’échelle et la portée des chaînes d’approvisionnement de la Chine en dehors de la Chine à l’heure actuelle », a rappelé Vishrut Rana, économiste basé à Singapour chez S&P Global Ratings. Seules les chaînes d’approvisionnement pour des produits très spécifiques – comme les semi-conducteurs ou les pièces de véhicules électriques – pourraient se déplacer au Vietnam, en Malaisie ou dans d’autres pays, a-t-il ajouté.

Pour comparer, le Vietnam, vers qui des firmes telles que Nike ont déjà massivement délocalisé, a vu ses investissements directs étrangers chuter de 56 % sur les quatre derniers mois par rapport à l’année précédente, pour atteindre 3,7 milliards de dollars. Les investissements directs étrangers en provenance des États-Unis ont chuté de 14 %.

« La Chine a pu rester ouverte quand l’Asie s’est fermée »

« La diversification de la chaîne d’approvisionnement est assez délicate parce que les gens en parlent toujours, et les conseils d’administration adorent en discuter, mais souvent, au bout du compte, les gens trouvent que c’est difficile à mettre en œuvre », a déclaré Nick Marro, responsable du commerce mondial à The Economist Intelligence Unit. Lorsque les entreprises ont eu ces discussions en 2020, il s’est avéré que la Chine a pu rester ouverte, tandis que la Malaisie et le Vietnam ont été mis hors ligne. Vraiment, le facteur critique à l’heure actuelle est de savoir comment la Chine prévoit de maintenir ces contrôles Covid alors que le reste du monde s’ouvre. »

Comment sortir du zéro-Covid ?

C’est la grande inconnue, et sans doute aussi d’ailleurs pour le gouvernement chinois : comment sortir définitivement de la pandémie ? La politique zéro-Covid mise en place par le pays sabote ainsi la reprise économique en imposant des confinements massifs dans les villes industrielles et portuaires, plombant ainsi la production et l’acheminent du fret maritime.

En chiffres, les exportations de la Chine ont augmenté de 3,9% en avril par rapport à l’année précédente, le rythme le plus lent depuis une hausse de 0,18% en juin 2020, selon les données officielles consultées par l’observateur économique Wind Information. Le Vietnam a en revanche vu ses exportations bondir de 30,4 % en avril par rapport à l’année précédente, après une hausse de près de 19,1 % en glissement annuel en mars. Comme quoi, la partie n’est pas encore jouée. Mais les exportations du Vietnam ont totalisé 33,26 milliards de dollars en avril, soit environ un huitième des 273,62 milliards de dollars d’exportations mondiales de la Chine ce même mois.

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