Macron prend un énorme risque politique et se rend seul chez Poutine

Alors que les Américains et les Britanniques continuent de renforcer leur présence militaire en Europe de l’Est, tout comme les Russes à la frontière avec l’Ukraine, une remarquable offensive diplomatique est en cours. C’est ce que rapporte Reuters.

  • Le président français Emmanuel Macron s’envole aujourd’hui pour Moscou, afin de s’entretenir avec son homologue russe Vladimir Poutine. Macron fait cela après avoir passé tout le week-end au téléphone avec Poutine, mais aussi avec les alliés occidentaux et les Ukrainiens. Cependant, il n’est pas certain qu’il obtiendra des résultats concrets. Après Moscou aujourd’hui, Kiev suivra demain.
  • La question est de savoir si Macron sera en mesure de proposer quelque chose de concret à cet égard : il remet quelque peu son destin entre les mains du président russe. Car si Poutine le renvoie sans rien, il devra subir l’humiliation d’arriver en Ukraine en tant que « visage doux de l’Occident ». D’un autre côté, Poutine joue également gros. Le renforcement de ses troupes coûte beaucoup d’argent et il doit rapporter quelque chose, sinon il perd son coup de bluff.
  • La France et l’Allemagne sont soumises à une forte pression au sein de l’UE : toute l’Europe de l’Est, les États baltes en tête, observe avec méfiance les deux grands d’Europe suivrent la voie de médiation et tentant d’apaiser la Russie. Entre-temps, les États-Unis et les Britanniques s’expriment en termes beaucoup plus durs, afin de faire rentrer l’ours russe dans sa cage.
  • La Russie a désormais rassemblé près de 100.000 soldats à la frontière et pourrait lancer une offensive pour submerger l’Ukraine d’ici la mi-février si les conditions météorologiques sont réunies. Elle exige de l’OTAN des garanties qu’elle n’acceptera jamais l’Ukraine comme membre.
  • L’Allemagne aussi semble, après des semaines de silence autour du nouveau chancelier Olaf Scholz, enfin bouger : le chancelier se rend chez Joe Biden à Washington DC pour des consultations, tout en envoyant également 300 soldats allemands à la frontière orientale de l’UE. Scholz est également attendu à Moscou tôt ou tard.
  • Mais le risque politique pour l’instant est entièrement celui de Macron. Il a une élection présidentielle en France à l’ordre du jour, en avril. Il peut donc utiliser un profil de « leader mondial » et de « pacificateur ». Mais en même temps, il a un compte à régler avec Poutine : dans l’arrière-cour de la France, au Sahara occidental, les Russes font une apparition remarquée : au Mali, le régime semble opter pour les mercenaires russes de Wagner, plutôt que pour les troupes françaises, pour combattre les islamistes.
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