L’Union Européenne peut-elle survivre au populisme?

Isoler les populistes?

A l’occasion des différentes élections à travers l’Europe cette année, les politiciens populistes à l’instar de Marine Le Pen en France, Geert Wilders aux Pays-Bas et Frauke Petry en Allemagne, défient les partis de longue date, arguant la défense de la population face aux élites intouchables.

La désillusion face aux élites politiques et la perception de l’Union Européenne comme la représentante des grosses entreprises et des élites, a conduit la montée en puissance d’un besoin de démocratie directe et à la multiplication d’initiatives de referendum autour des enjeux de l’UE. Les mouvements populaires se trouvent être derrière ces nombreuses initiatives dans la mesure où ils permettent la création de mobilisations publiques. Les leaders populistes ont déplacé le champ de bataille des politiques, lesquels s’affrontaient initialement sur l’autel des alternatives politiques stratégiques et qui dorénavant privilégient des revendications identitaires. Ces récusations sont-elles nuisibles à la démocratie ou bien leur sont-elles bénéfiques? Leurs partis représentent-ils l’avenir politique ou vont-ils finir par se désagréger? Enfin, l’UE est-elle capable de surmonter la déferlante populiste actuelle ?

La directrice de l’Open Society European Policy Institute, Heather Grabbe, explique que l’UE, un projet fondé sur des valeurs avant d’être un projet économique, a développé au fil des années des stratégies pour faire face aux challenges menaçant son fonctionnement et ses valeurs, lesquelles vont de l’ostracisme à la cooptation.

Isoler les extrémistes n’est pas la solution. « Les stratégies d’isolation peuvent avoir l’effet inverse de celui escompté, notamment parce qu’elles donnent du crédit à la revendication populiste en ce que les institutions se protègent elles-mêmes plutôt que d’écouter leurs électeurs » révèle-t-elle. Selon Grabbe, les institutions Européennes ne devraient pas tenter de cloisonner les partis qui attaquent les valeurs de l’UE mais devraient plutôt « chercher à consolider un consensus au sein des sociétés européennes en faveur de la tolérance, des droits et du pluralisme».

L’UE aurait intérêt à intensifier la défense de son projet de base et à devenir plus flexible quant à sa capacité à s’ajuster à de nouvelles façons de faire de la politique. Grabbe suggère que l’UE doit engager les citoyens directement, se concentrer sur les complaintes, et renforcer le consensus autour de ses valeurs – la dignité humaine, la liberté, la démocratie, l’égalité, l’Etat de droit, et le respect des droits humains.

Parmi les options s’offrant à l’UE pour affronter la vague populiste, certaines interviennent sur un plan technique ou légal tandis que d’autres requièrent un engagement actif à la fois des forces politiques et des citoyens. Les sondages menés autour des valeurs de l’UE révèlent que les européens ne sont pas devenus plus antilibéraux ou xénophobes au cours des dernières années. Cependant, le système de prise de décision actuel de l’UE n’est pas adapté à la demande croissante en faveur de processus participatifs. Les nouvelles technologies, ajoutées aux réseaux sociaux, revêtent un potentiel considérable pour accroître la transparence et l’interactivité des dirigeants politiques européens. Comme l’affirme Heather Grabbe, « L’UE devrait s’essayer à de nouvelles méthodes de communication pour créer des mécanismes délibératifs ainsi qu’un engagement par l’internet pour ramener un nombre de voix plus significatif ».

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